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 [Elisheba]-Roman

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Elisheba
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MessageSujet: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Dim 30 Sep - 19:56

__-Et là… euh… point final. Voilà !
Ça y est! J’y suis! J’ai enfin réussi à terminer mon roman ; cette putain d’histoire que je trimballe dans ma tête depuis deux ans. Je n’en reviens pas. Ça fait longtemps que je n’ai pas écrit et j’ai oublié la satisfaction extrême que procure le fait d’ajouter le dernier mot à son roman… Mon Dieu que c’est soulageant !
__-Claire ! A table !
__-J’arrive !
Je suis super heureuse. Il y a des choses dans la vie qui sont simples, mais qui suffisent à rendre un événement particulier et c’est ce genre de trucs qui me permettent de supporter mon morne quotidien de lycéenne.
__-A table !!! crie-t-on encore.
Je me lève d’un bond et dévale les escaliers. Ça sent la nourriture aux abords de la cuisine et je déteste cette odeur que je ne connais que trop bien : ça signifie qu’il y a des épinards au menu et, comme beaucoup de gens sur cette Terre, je n’aime pas ça. Manque de bol, c’est le plat préféré de ma belle-mère.

Je m’apprête à entrer dans la cuisine et à m’asseoir à table mais Quentin, mon frère jumeau, arrive à toute vitesse du salon, me devance et s’assied à la place que je voulais prendre. Dans sa précipitation il m’a sacrément bousculée et il ne s’est même pas excusé ; tant pis, je ne peux pas lui en vouloir…
__-Ben Claire, déclare mon père en me voyant arriver. T’es toujours la dernière ! Allez, assieds-toi.

Je m’exécute sans broncher, tout en essayant de ne pas vomir sur la nappe à cause de l’odeur du repas qui m’écœure. Pourtant, on ne peut pas dire qu’on mange mal, ici. Du moins, c’est bien meilleur que la cantine du bahut !
Ma belle-mère dépose les épinards sur la table ; elle les a faits en gratin car c’est plus facile à avaler selon elle. Mais ça ne m’empêche pas de détester de tout mon être ces espèces de choses verdâtres et filandreuses.
__-J’te sers ? demande-t-elle.
Je tends mon assiette en essayant de cacher mon dégoût. Il y a des écrivains qui fêtent la fin de leur roman avec un bon repas et même du champagne. Ben moi je ne fais rien. Je dois juste me contenter des sacro-saints épinards de ma belle-mère. Celle-ci s’appelle Rebecca et elle vient d’Irlande. Je l’adore. C'est une femme qui a l'air assez heureuse, même si elle n'a jamais pu avoir d'enfant du fait de ses nombreuses fausses couches. Même si elle n’est pas ma mère biologique, je la considère comme telle parce que c’est elle qui s’est occupée de Quentin et de moi lorsque nous étions tous petits. Papa l’a épousée peu après le suicide de notre mère; on avait seulement quelques semaines à cette époque-là. Il a l’air très amoureux d’elle et ça me fait toujours plaisir de le voir comme ça.

Voyant que Rebecca va me servir une autre cuillère de son gratin, je m’écrie impoliment :
__-Stop, ça suffit !!!
Elle se ravise et entreprend de servir Quentin qui a l’air aussi dégoûté que moi. Quentin je l’aime. Il est trop cool comme frère et il a toujours été là pour moi lorsque j’en avais besoin. En même temps, c’est normal puisque nous sommes jumeaux.

Je l’observe. De ses grands yeux bruns, il ne quitte pas la main de Rebecca. On ne se ressemble pas vraiment, lui et moi. A part quelques traits du visage et la couleur de nos yeux, nous n’avons rien en commun.
__-Merci, murmure-t-il une fois servi.
Il baisse les yeux vers son assiette et je fais de même. J’ai toujours trouvé les repas très ennuyeux dans la mesure où pendant qu’on mange il y a un silence religieux. Et je déteste ça parce que ça me stresse. De toute manière, j’ai un caractère névrosé par rapport à mon frère. Lui il a toujours été calme et plutôt tranquille… alors que moi je suis hyperactive et indisciplinée. J’en arrive parfois à énerver tout le monde et des fois je m’énerve moi-même.

Tout en restant perdue dans mes pensées, je me mets à manger lentement. Je ne dis rien ; de toute façon je n’ai pas envie de discuter avec qui que ce soit.
__-Alors, s’écrie soudain Rebecca, ces vacances, ça approche !
__-Faudra déjà passer le Bac, rétorque mon père avec un ton rabat-joie.
En disant ces mots, il me regarde fixement avant de demander :
__-T’as révisé un peu ? Je te rappelle que tu passes encore des examens la semaine prochaine…
__-Oui !! J’ai déjà révisé ce weekend et celui d’avant aussi.
Mais alors que mon paternel veut insister encore plus, Quentin lance un « Bah ! Elle l’aura forcément ! » qui déstabilise toute la tablée. Après cela, il me regarde et à travers les mèches de ses cheveux rebelles qui lui tombent sur les yeux, je sens son regard compatissant se poser sur moi. En y réfléchissant bien, Quentin passe son Bac lui aussi sauf que mon père ne lui rabâche pas autant les oreilles avec les examens.

Tout en songeant que mes parents oublient que je ne suis plus une enfant, je me lève de table sans demander mon reste et m’éclipse. Rebecca m’a donné envie de partir en vacances et celles-ci approchent à grands pas !! Bientôt je pourrai m’en aller…Ah si seulement je pouvais m’évader maintenant !


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Ven 5 Oct - 20:45

Bercée par le son de la guitare de Quentin, allongée dans mon lit, j’essaie de m’endormir. C’est pas facile, j'ai peur parce que je vais passer les derniers examens et oraux du Bac demain. J’ai tenté de bien réviser mais j’ai l’horrible impression d’avoir oublié plein de choses et puis… j’ai la flemme d’aller revérifier dans mes fiches de cours.

Tout en regardant mon réveil, je stresse de voir les heures défiler. Mais je ne vais jamais réussir à m’endormir, moi, si ça continue !! Et Quentin qui n’arrête pas de jouer sa putain de musique ! S’il croit que ça va l’aider à éloigner ses angoisses, c’est perdu d’avance. D’ailleurs je ne sais pas pourquoi il a tellement peur. Il a toujours été bon élève et puis je l’ai vu travailler sans relâche jour et nuit pour réviser. Je suis sûre qu’il aura son Bac sans problème. Mais en sera-t-il de même pour moi ?

Agacée par toutes ces pensées désagréables, je me retourne dans mes draps et crie à l’attention de mon frère :
__-Arrête cette musique tout de suite !!
Même si la porte de ma chambre est fermée, il semble m’avoir parfaitement entendue car la musique a cessé immédiatement. Je l’entends marcher dans le couloir, ouvrir ma porte et s’avancer. Quant à moi je me redresse et m’assieds sur le bord de mon lit avant de dire :
__-Mais qu’est-ce que tu fous ?! Va te coucher ! On a le Bac demain !
__-Bof, répond-il avec sa nonchalance légendaire. Je l’aurai quoi qu’il arrive.
__-Peut-être, mais pas moi, j’ai pas révisé ! Alors casse-toi d’ici et va te coucher ! En plus, si Rebecca t’entend, on va de nouveau se faire engueuler !
Je ne remarque pas que ma voix monte un peu trop haut. Quentin me lance des regards noirs ; je ne comprends pas ce qu’il veut.
__-Faut que j’te montre un truc, dit-il enfin.

Il passe une main dans ses cheveux épais. Oh merde, il a vraiment l’air déphasé. Je le regarde ; il fait volte-face et retourne dans sa chambre en traînant les pieds. Comme il a aiguisé ma curiosité (qui est certes un peu malsaine mais tout de même !), je le suis et le retrouve assis à son bureau. Il surfe sur le net, ouvre des documents qui viennent de je ne sais où et m’intime de faire le moins de bruit possible. Je me penche et regarde l’écran de son ordinateur pour voir ce qu’il fait, lorsque soudain une photo accrochée au-dessus de son bureau attire mon regard. Troublée, je demande :
__-J’ai jamais vu cette photo… Elle vient d’où ?
__-C’est une photo de Maman, murmure mon frère sans quitter son écran des yeux. C’est Papa qui me l’a donnée il y a pas si longtemps.

Je détaille la photo ; il me semble que je la connais par cœur. Dessus il y a une jeune femme qui ne doit pas avoir plus de 25 ans.
Elle a de longs cheveux, noirs comme ceux de Quentin. Et elle a aussi les yeux bruns, qui ressemblent exactement aux miens.

C’était bien notre mère que je voyais-là. Ça me faisait drôle, je l’imaginais pas du tout comme ça.
Quand j’étais petite, je demandais souvent à quoi ressemblait Maman. Papa me disait que notre mère était une pétasse, une droguée qui n’arrêtait pas de s’intoxiquer et de fumer tout le temps. Mal lui en a pris, selon lui, car elle a vécu une longue descente aux enfers jusqu’à ce jour où on l’a retrouvée pendue à la maison. C’est bizarre, parce que sur la photo, elle n’a pas l’air d’une femme si dépravée que ça, en fait.
Soudain je m’écrie :
__-Oh putain !
Quentin daigne enfin se tourner vers moi, puis avec un air éberlué, il me fait signe de me taire. Alors je lui chuchote :
__-J’ai créé un personnage dans le dernier roman que j’ai écrit. Il ressemble à Maman comme deux gouttes d’eau !
__-Depuis quand tu écris des romans ?!!

Il éclate de rire, je le regarde avec un air frustré. J’ai l’impression d’avoir un gamin dissipé devant moi. En le voyant comme ça, qui aurait cru qu’il allait bientôt avoir 18 ans ?
__-Nan mais sérieusement, Quentin !
__-Ne rêve pas trop, Claire. On a jamais connu notre mère ; ne me dis pas que tu as créé son double inconsciemment ! C’est juste une coïncidence.
__-Mhhh… Tu peux me passer la photo quelques minutes ?
__-Garde-la. Moi je m’en fous et puis… AAAH !! C’est là regarde !!!

Je me penche un peu plus et il me montre un fichier sur lequel figurent des énoncés et des réponses marquées en rouge. Je comprends que ce sont les réponses du Bac de cette année et recule, effrayée. Puis je demande en tremblant :
__-Qui t’a donné ça ?!
__-J’ai mes sources, répond-il avec un clin d’œil.
__-Ne… ne me dis pas que tu vas tricher… Tu ne ferais pas ça, quand même ?
__-Qu’est-ce qui m’en empêche ? Et puis les examens sont hyper galère cette année. Tu ferais mieux de regarder les réponses aussi.
__-Plutôt crever, oui ! Mais… merde Quentin quoi ! Tu sais ce que c’est considéré comme fraude tout ça ? Et si tu te fais avoir ?
__-Ça n’arrivera pas.

Je me recule encore pour sortir de la chambre. Mon frère a l’air tellement sûr de lui que ça me déstabilise. La main sur la poignée de la porte que nous avions préalablement pris soin de refermer derrière nous, je me retourne et m’écrie :
__-Je pourrais te dénoncer pour ça !
J’essaie de prendre un air redoutable. Ça ne marche pas vraiment, on dirait. En tous cas, Quentin n’a pas l’air de s’en soucier parce qu’il éclate de rire à nouveau et me dit avec des yeux malins :
__-Ouais mais tu ne le feras pas. Tu m’aimes bien trop pour ça.
Tout en essayant de cacher mon trouble, je tourne la tête et retourne dans ma chambre. Dans ma précipitation, je claque même la porte sans faire exprès. Je m’assieds sur mon lit en serrant fort la photo dans mes mains. Je tremble et fixe le mur d’en face pour tenter de me calmer. Mais mes mains moites froissent sans le vouloir la photo de ma mère. Ça alors… j’ai l’impression de rêver. Mon frère jumeau avait toujours été mon modèle ; je tentais toujours de lui ressembler en tout point car pour moi il était un exemple d’honnêteté et d’humanité… Quentin avait toujours incarné la perfection pour moi. Et maintenant je découvre qu’il n’est pas ce que je croyais. C’est juste incroyable. Alors comme ça, toutes les fois où je l’ai vu réviser il regardait les réponses du Bac en fait !

Je l’entends tousser dans la chambre d’à côté puis j’entends le bruit d’un interrupteur qu’on éteint. Il est parti se coucher. Je suis tellement choquée et énervée que j’ai envie d’aller le trahir. Après tout, il me suffirait d’une seule phrase à prononcer pour qu’il se fasse attraper et punir… mais ça me ferait perdre mon frère et après tout ce qu’il a fait pour moi, ça serait malhonnête de ma part. Plutôt mourir que de le voir s’éloigner de moi !

Mon téléphone sonne et me tire de ma rêverie. Je ne réponds pas, j’ai pas envie de parler. Alors je pose délicatement la photo sur ma table de nuit, éteins la lumière, m’allonge et ferme les yeux en attendant que le sommeil me gagne.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Dim 7 Oct - 20:18

__-Quentin ! Quentin, ouvre cette porte !!
Je frappe de toutes mes forces contre la porte de la salle de bain mais personne ne répond. J’ai encore la tête dans le sac et je suis déjà en retard pour les examens. Je dois passer un oral ce matin à huit heures et je devrais déjà être habillée à cette heure-là.

D’habitude Quentin est assez gentil, il me laisse la salle de bain pour moi toute seule mais cette fois c’est lui qui m’a devancée.
Je frappe encore plus fort:
__-Quentin ! Je sais que t’es là et que tu m’entends !!! Ouvre !!

Je stresse et m’énerve encore plus. Après ce qu’il s’est passé hier soir, je ne vois plus mon frère du même œil et il me semble de plus en plus chiant. Ou alors il fait exprès ?
__-Quoi ? s’exclame une voix agacée derrière la porte.
Il daigne enfin me répondre ! C’est pas trop tôt ! Je m’écrie :
__-Dépêche-toi !!! Moi aussi je dois me préparer, je suis hyper en retard !! Faut que je me douche et puis faut que j’me lisse les cheveux aussi !
__-Toi tu vas te lisser les cheveux ? Laisse-moi rire, tu ne le fais jamais !

Je passe une main dans ma longue chevelure ébouriffée. Je la déteste, avec sa couleur auburn et ses boucles indomptables. Je suis née rousse et j’ai eu la bonne idée de me teindre les cheveux l’année dernière. Tout en repoussant sauvagement une mèche qui était tombée sur mon front, je réplique :
__-C’est ça, fous-toi de ma gueule tant que t’y es ! Ouvre cette porte avant que je la défonce.
Il ne dit plus rien et je l’entends marcher dans la salle de bain. Sans plus attendre, je prends mon élan et me jette sur la porte… juste au moment où elle s’ouvre. Je m’étale de tout mon long par terre. Le carrelage est froid et dur ; je m’écorche à moitié les bras en tombant dessus comme une masse. Un peu sonnée, je lève la tête et vois Quentin s’approcher. Il me tend la main pour m’aider à me relever.
__-Désolé, me dit-il. Tu t’es fait mal ?
Il a l’air sincèrement peiné de m’avoir fait chuter. Je lui prends la main ; sa main si grande et tiède par rapport à la mienne qui est fine et toujours froide comme celle d’un mort. Il remarque la rougeur sur mon bras meurtri et me la désigne timidement. Je tente de le rassurer en souriant et en disant que ce n’était rien, que j’étais juste un peu surprise et que je m’étais juste un peu égratigné l’avant-bras mais que c’était pas grave.

Quentin hoche la tête et me laisse seule dans la salle de bains. Je commence à me préparer ; je vais à la douche, me brosse les dents comme d’habitude. Je prends aussi le temps de m’habiller et de me coiffer tout en ne quittant pas mon reflet dans le miroir des yeux. Je me déteste. Je déteste les taches de rousseur sur mes pommettes. Seuls mes grands yeux bruns me conviennent. Quand j’étais petite, Papa me disait qu’ils avaient une belle couleur, qu’ils brillaient comme le soleil. Je n’y crois plus trop désormais et je ne m’aime pas assez pour me laisser flatter par ce genre de choses.

Quelques minutes plus tard, je sors de la salle de bain tout à fait prête pour affronter la journée. Et là je me rends compte que je suis vraiment, vraiment, vraiment en retard. Alors je me dépêche de prendre mon sac. Il me manque juste ma veste. Je parcours la maison de long en large à sa recherche puis m’arrête dans la chambre de Quentin avant de demander :
__-T’as pas vu ma veste ?
Il est encore devant son ordinateur ; je devine qu’il n’est pas en train de surfer sur le net mais bel et bien de tricher encore une fois avant ses examens qui ne commenceront que plus tard dans la matinée. A la place de me répondre vraiment, il hausse les épaules et demande :
__-Laquelle ?
__-La rouge ! Tu l’as vue quelque part ou pas ?
Il secoue négativement la tête. J’ai à peine le temps de m’énerver, Rebecca s’exclame bien fort :
__-Ta veste est là, Claire !!
Je dévale les escaliers en criant :
__-Je m’en vaaaaaaaaaaaaaaaais !!!!!!!!!!!!!!!!
Mais je loupe une marche et me rattrape de justesse à la rampe d’escalier. Ma belle-mère se tient dans le couloir avec ma veste à la main. Elle me regarde avec amusement et je devine qu’elle m’a vue trébucher. Je me redresse et descends plus calmement. Elle me tend ma veste et me dit avec son petit accent que j’adore :
__-Bon courage.
__-Merci Rebecca… Dis, si tu vas faire les courses, tu peux m’acheter du chocolat s’te-plaît ?
En disant cela, je la supplie du regard et elle me sourit avant de hocher la tête. Puis, sans lui laisser le temps de dire quelque chose, je sors dehors et me mets à courir en pleine rue.

J’habite à Paris (eh oui) et même si cette ville a toujours eu un charme particulier pour moi, j’avoue que j’aimerais bien voir autre chose parfois. Mon lycée est assez loin et je suis obligée de prendre le métro tous les matins. Je déteste ça, c’est tellement sale ! Et puis dans les couloirs souterrains il faut cheminer parmi les touristes qui bouchent le passage parce qu’ils prennent tout et n’importe quoi en photo en lâchant des « Wouah ! » admiratifs. Et il y en a d’autres aussi qui cherchent leur chemin et qui demandent à n’importe qui. Je me fais toujours aborder. Je suis tellement sadique que quelque part j’aime bien leur donner la mauvaise direction.

Une fois arrivée sur le quai du métro, j’attends patiemment avec d’autres gens tout aussi pressés que moi. Le métro arrive en faisant un vacarme assourdissant. Les portes s’ouvrent et toute une foule en sort. Tout le monde se bouscule et s’écrase les pieds pour entrer dans le véhicule. Une fois à l’intérieur, je me fais toute petite et bataille pour qu’on me laisse un petit bout de barre auquel me tenir. On est tous serrés comme des sardines ; rien que ça, ça donne envie de rentrer chez soi tout de suite. Nous démarrons, certains touristes manquent de tomber tellement la mise en marche du métro est violente. Je m’agrippe de toutes mes forces pour me maintenir debout et fixe le plafond tout sale. Il est plein de graffitis, de vieux chewing-gum et que sais-je encore ! C’est ce même plafond que je vois tous les matins lorsque je vais en cours. Très encourageant pour commencer une journée, me direz-vous !

Je serre fort mon sac contre moi afin que les pickpockets ne puissent pas l’atteindre. Le bruit régulier du métro sur les rails m’endort presque. Je ferme les yeux. J’ai passé une très mauvaise nuit. J’angoissais à cause des examens et à cause de mon frère aussi. J’ai eu du mal à m’endormir et lorsque j’ai enfin réussi à sombrer dans les bras de Morphée, j’ai fait des rêves très étranges. Je voyais le personnage de mon roman, celui-là même qui ressemble à ma mère. On aurait dit qu’il essayait de me parler. Je me suis réveillée plusieurs fois pendant la nuit, et à chaque fois que je me rendormais, je revoyais ce putain de personnage qui venait me harceler. Quelle nuit, franchement !

On s’arrête plusieurs fois à des stations différentes et à chaque fois une voix enregistrée retentit pour demander aux passagers de faire attention à l’intervalle entre le métro et le quai. Je finis par descendre moi aussi, soulagée de ne pas rester plus longtemps enfermée dans ce véhicule infernal.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Dim 21 Oct - 17:42

Mon arrivée au lycée est plutôt mouvementée. Je cours et bouscule tout le monde afin d’arriver à l’heure à mon examen. Je ne prends même pas la peine de saluer les gens.

A la place, j’attends devant la salle dans laquelle j’ai été convoquée. Mon Dieu, je n’ai jamais autant angoissé ! Je m’adosse au mur et me laisse glisser jusqu’au sol en attendant qu’on vienne m’ouvrir. Je respire profondément, ferme les yeux, tente d’entrer en communion avec moi-même et de trouver le moyen de me concentrer assez pour réussir. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine, si fort que j’en viens à croire qu’il résonne à des kilomètres. C’est un son sourd qui amplifie tellement qu’il me parait non seulement emplir mes oreilles, mais aussi envahir mes sens, palpiter dans mes doigts, dans mes tempes, dans mes veines.

Mon ventre gargouille ; j’ai pris un rapide petit déjeuner et je n’ai pas mangé beaucoup malgré les supplications de Papa qui me priait de me nourrir un peu plus afin d’avoir assez de forces pour les examens.
Je profite du silence qui règne ici. Le couloir est quasi désert ; il y a juste quelques profs qui passent de temps en temps. Puis finalement, il y a une de mes amies qui passe aussi. Agathe arrive avec sa convocation à la main ; elle rayonne de bonne humeur, comme d’habitude. Je me demande comment elle fait. Elle me serre dans ses bras et m’annonce qu’elle passera son oral dans la même salle que moi, mais à une heure différente.
__-Je suis venue tôt pour ne pas être en retard, explique-t-elle. Je passe seulement dans une demi-heure.

Je souris faiblement. Je la reconnais bien-là : elle est toujours ponctuelle et prévenante, un peu comme Rebecca.
Agathe s’assied à côté de moi et se tait pour que je puisse me préparer psychologiquement à mon examen tout proche. Mais le silence m’angoisse encore plus. Alors je le brise en murmurant doucement :
__-Tout va bien se passer… tout va bien se passer.
__-Mais oui ! s’écrie Agathe avec son optimisme qui la caractérise si bien. Puis on est bientôt en vacances, allez ! Dans quelques semaines on part tous dans le sud ! Imagine, le soleil, la plage et tout ça !
Je me mets à rire. Je me réjouis déjà d’avance de partir en vacances avec mes meilleurs amis. Je ne l’ai jamais fait avant et je suis sûre que ça sera génial.
__-Tiens, s’écrie soudain Agathe. Le prof qui vient, je suis sûre qu’il est pour toi.

Je tourne la tête et vois un homme arriver. Il est assez vieux et je ne l’ai jamais vu dans le lycée. Avec Agathe on avait pensé qu’on tomberait sur un prof hyper beau pour nous juger pendant l’oral. A priori on s’est trompées… Dommage ; ça nous aurait bien encouragées !
__-Bonjour mesdemoiselles, dit le prof avec un air plutôt sérieux.
Merde. Je n’aime pas les profs qui se prennent trop au sérieux. Ça me fait toujours éclater de rire et je n’ai pas envie de rater mon oral à cause de ça. Je ne suis pas assez raisonnable pour ce genre de choses, on dirait.

Le prof ouvre la porte et s’efface pour me laisser entrer. Je m’avance en essayant de paraître sûre de moi mais je stoppe net en voyant une silhouette devant les fenêtres de la salle de classe. Celle-ci se retourne et me regarde ; je reconnais le personnage qui hantait mes rêves cette nuit. C’est une toute jeune femme, à peine sortie de l’adolescence. Je lui avais donné le nom de Léa ; c’était un nom que je n’appréciais pas forcément (même s’il était joli), mais je l’avais choisi parce que c’était le nom que j’aurais aimé donner à ma petite sœur si j’en avais eu une.

Elle me dévisage, à moitié plongée dans l’obscurité de la pièce. La douce lumière matinale, filtrée par les épais rideaux qui encadrent les fenêtres, forme une pâle lueur sur son visage si lisse, sur ses traits si fins qu’on les dirait faits de cire. Un éclair métallique passe dans son regard lucide et je sens mes muscles se raidir. J’ai l’impression que le sol tremble, comme si la terre était en train de soupirer sous les fondations du lycée.
__-Eh ben entrez ! s’exclame le prof d’une voix forte, me tirant de ma torpeur.

Je cligne des yeux ; je n’avais même pas remarqué que j’étais en train de végéter devant la porte comme une imbécile. Je regarde Agathe ; elle prend un air paniqué mais amusé en même temps. Je rentre dans la salle ; elle est vide. J’ai rêvé encore une fois…

Mais c’est quoi le problème en fait ? Le stress et la fatigue sans doute…

Bien décidée à ne pas me laisser démonter par ces soudaines hallucinations, je relève la tête, dépose mon sac dans un coin de la salle, et me tenant bien droite, attends le commencement de l’oral.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Jeu 29 Nov - 20:02

La semaine d’après, assise sur un banc avec quelques amis, j’attends les résultats du Bac. Ça fait pas mal de temps qu’on poireaute et l’impatience commence à se faire ressentir chez tout le monde. Avec toute ma bande de potes, on commence à parler des vacances ; la semaine prochaine on part à l’autre bout de la France et on en rêve déjà.
__-Comment on s’organise ? demande Justine tout en pianotant sur les touches de son portable.
__-On ramène euh… la bouffe. Il nous en faut pas mal, répond Agathe. Ensuite euh… Serviettes, valise etc. Crème solaire aussi. Est-ce qu’on sortira le soir ?
Les gars de la bande acquiescent en se lançant des regards complices.
__-Ensuite, continue Justine, il faudrait ramener... euh…

Je regarde ailleurs, les laisse réfléchir à tout ça. Je n’ai pas envie de me casser la tête à propos de mes bagages et pourtant il faudra bien que je le fasse parce qu’on va quand même partir pendant une semaine ! Je mettrais ma main au feu que les mecs vont ramener n’importe quoi dans leurs valises et j’ose même pas y penser !
Mais ces premières (et surtout uniques) vacances passées tous ensemble s’annoncent géniales et chaque jour je trépigne un peu plus d’impatience.

Tout à coup, nous voyons tous les gens de la cour se rassembler dans un coin. Je devine que les résultats ont enfin été affichés. Justine se met à courir pour aller voir, bientôt suivie d’Agathe et des mecs. Moi ça m’amuse de regarder les autres lycéens se bouger, avancer d’un pas rapide et mécanique. Ils ont tous une pointe d’angoisse dans le regard. Ça fait bizarre…
Je vois Quentin passer devant moi. Il ne me remarque même pas. Quand il est avec ses amis, moi je deviens complètement invisible. Je pourrais crever sous ses yeux, il ne réagirait même pas. Je me lève du banc et le suis discrètement. Nous nous avançons parmi la foule, tout en jouant des coudes pour atteindre les listes de résultats.
J’aperçois Justine qui se jette dans les bras d’un gars que je ne connais pas en criant un grand « YAAAAH !! ». Elle a le sourire aux lèvres ; à priori elle a réussi et ça me rend heureuse pour elle.

Enfin, je regarde attentivement chaque liste et cherche mon nom. Au début ça m’énerve de ne pas le trouver, mais lorsque je vois les résultats, mon visage se décompose. Je regarde bien, tente de voir si je ne me suis pas trompée. Non, ce n’est pas possible. Je lève les yeux vers le haut de la liste et lis : « RATTRAPAGE ».

Là, rien qu’en voyant ça, j’ai l’impression que le monde s’arrête de tourner. Autour de moi les gens crient, sourient… mais moi je reste insensible à tout ça. Dans les situations comme ça, je me dis que l’intérieur de moi-même est le meilleur refuge possible. Je n’ai qu’une envie : que le sol s’ouvre sous mes pieds pour que je puisse m’y enfoncer et disparaître à jamais. Un sentiment d’humiliation s’empare de moi et me cloue sur place.

Soudain je sens une main se poser sur mon épaule ; je sors de l’espèce de transe dans laquelle je m’étais placée. Je me retourne et vois Quentin qui me regarde avec un grand sourire. Il a l’air fier et je devine qu’il a réussi, lui aussi. Mais pourtant, lorsqu’il voit quelle tête je tire, sa bonne humeur s’efface immédiatement.
__-Claire ? demande-t-il. Est-ce que ça va ?
Avec des sanglots dans la voix, je lui annonce :
__-J’ai pas eu mon bac…
Il baisse la tête et me serre contre lui pour me consoler. Je me laisse faire ; moi qui d’habitude me débrouille seule, j’éprouve pour la première fois un fort besoin de soutien. La tête posée sur sa poitrine, j’écoute les battements réguliers de son cœur ; ils font écho au mien et, à ma grande surprise, ça m’apporte un sentiment de réconfort. Mais j’ai à peine le temps de profiter de mon étreinte avec mon frère adoré que les deux gars de ma bande, Nathan et Maxime, approchent eux aussi. Je les regarde ; ils prennent un air désolé et tentent eux aussi de me consoler en m’expliquant que Maxime avait eu son Bac mais que Nathan, lui, avait été recalé.
__-On a raté les oraux, explique celui-ci avec gêne. Ça ne pardonne pas !
__-Mais Claire, tu passes juste au rattrapage, s’indigne Maxime. C’est pas la fin de monde quand même !!
Quentin ne me laisse pas le temps de répondre ; il me pousse hors de la foule avant de dire :
__-Allez viens, on rentre.

Nous traversons la cour, marchons un peu, allons chercher les papiers nécessaires au rattrapage et à l’obtention du Bac puis prenons le métro jusqu’à chez nous. Lorsque nous arrivons à la maison, Rebecca s’avance vers nous pour savoir nos résultats. Quentin annonce son Bac avec un grand sourire et moi je ne dis rien. A priori, Rebecca comprend tout de suite et elle me tend ses bras pour que je puisse m’y blottir. Je me jette dedans en pleurant comme une madeleine et je gémis :
__-Je l’ai pas eu, Rebecca… J’ai tout raté.

Elle ne sait pas vraiment comment réagir, je crois. Elle passe une main dans mes cheveux en murmurant des choses en anglais. Mes larmes sont inextinguibles. J’ai beau tenter de me calmer, je n’y arrive pas. Ma tristesse est à la hauteur de ma déception.
__-Mais nooooon, soupire ma belle-mère. Tu vas juste aller faire le rattrapage et tout va bien se passer.
Je hoche la tête avec un petit sourire triste. J’espère qu’elle a raison parce que je vois déjà mes vacances annulées à cause de mes mauvais résultats.

Quelque part, je trouve ça injuste parce que Quentin a eu son bac en trichant. Mais je n'ose rien dire parce que connaissant mon père, il me crierait dessus en disant que lui au moins il avait eu son Bac et que ce n’était pas à moi, la jeune fainéante, de faire des réflexions. Et je ne peux pas en parler à Rebecca ; je n’ai pas assez confiance en elle.

Le téléphone sonne. Rebecca se précipite pour aller décrocher. Quentin, toujours l’air fier, profite de l’occasion pour passer près de moi et me chuchote à l’oreille :
__-Tu vois, tu aurais dû regarder les réponses toi aussi. Est-ce que tu veux toujours me dénoncer ?
Je secoue la tête et murmure un petit « non ». J’ai honte. Vraiment honte de ne pas avoir eu mon Bac. Ça me donne l’impression de ne pas avoir été à la hauteur. Et puis Papa sera déçu s’il apprend que j’ai raté mes examens.
__-Bon, moi je vais dans ma chambre, déclare mon frère en montant les escaliers.

Je reste plantée dans l’entrée, bouche bée devant le comportement égoïste de Quentin. Rebecca revient quelques secondes après. Heureusement, elle n’a rien entendu de notre petite conversation et me conseille vivement de commencer à réviser pour le rattrapage. Puis elle s’approche de moi et me murmure :
__-Claire, tu sais qui tu es et tu sais que tu peux réussir. Alors ne tarde pas. Tu peux encore avoir ton Bac, rien n’est perdu.

Je la quitte donc avec le sourire aux lèvres. Elle me sourit aussi et me regarde m’éloigner avec une œillade bienveillante.
Une fois dans ma chambre, je lance mon sac à l’autre bout de la pièce, referme doucement la porte derrière moi et vais m’asseoir à mon bureau avec un soupir agacé. Soudain, une voix retentit derrière moi :
__-Alors comme ça, tu as raté ton Bac ?


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Ven 30 Nov - 22:14

Je me retourne et sursaute. Dans ma surprise, je tombe presque de mon fauteuil. Cependant, la voix qui m’interpelle n’est pas celle à laquelle je m’attendais. C’était une voix de femme, une voix assez agréable et encore teintée d’une pointe d’enfance. Mais c’était une voix trop jolie pour être honnête.
__-Tu as peur de moi ? reprend-elle, amusée.

Assise sur ma chaise, j’observe attentivement mon interlocutrice. Elle est assise sur mon lit et elle me regarde avec un air plutôt intéressé. Brusquement je lui demande :
__-Qu’est-ce que tu veux, Léa ?
Je ne rêve pas. C'est bien le personnage de mon roman qui se tient devant moi, comme l'autre jour.

Léa se penche vers moi. Ses grands yeux marrons me pénètrent toute entière, comme s’ils voulaient sonder mon âme et me la ravir. En fait, Léa est tout ce que je ne suis pas : elle a les cheveux sombres, une voix plutôt mélodieuse et elle est plutôt calme et réservée. Mais quelque part, elle me ressemble aussi parce qu’en la créant je lui ai donné une part de moi-même.

C’est ça qui est bien, quand on est écrivain. On peut faire grandir et évoluer ses personnages, modeler leur vie à notre manière, de la façon dont on aurait voulu qu’elle soit. Mais quoi qu’il arrive, notre roman est toujours notre propre reflet et quelque part, notre vie y est dévoilée avec une vérité nue.
__-Il paraît que tu as fini ton roman, me répond-elle avec malice.
__-Et… ? Qu’est-ce que ça change pour toi ? Pourquoi j’ai l’impression que tu me harcèles ?
__-Parce que c’est ce que je fais.
Je tourne la tête et retiens un rire avant de remarquer:
__-Ouais, ça je l’ai vu. C’est toi qui t’es pointée dans la salle lorsque j’ai passé mon oral. Et c’est à cause de toi que j’ai tout raté ! Tu es venue me déranger pendant toutes mes épreuves. Et même pendant mon sommeil !
__-Je ne suis qu’un personnage de ton roman, Claire. Tu aurais très bien pu me chasser.
__-Je ne crois pas, non. Tu te fous de moi, là. Qu’est-ce que tu veux ?

D'un geste, je prends un de mes cahiers de cours en main et je tente de réviser comme si de rien n'était mais Léa me perturbe.
__-Je veux que tu changes la fin de ton roman, ordonne-t-elle.
__-Pourquoi je le ferais ? Mon histoire me convient très bien, à moi.
__-Mais pas à moi ! C’est pour ça que je suis venue. Je veux que tu changes ton roman! répète-t-elle.
__-Hors de question. Tu es Léa et tu resteras toujours Léa.
__-Tu ne veux rien changer parce que je ressemble à ta mère, n’est-ce pas ? Je sais très bien que tu gardes ma photo avec toi dans ton agenda.

Elle ne me quitte pas des yeux. Je soutiens son regard mais elle n’en démord pas. Inconsciemment, ma main glisse sur mon bureau pour atteindre mon agenda et en tirer la photo de ma mère. C’est vrai que Léa en est la copie conforme. Je n’y comprends plus rien, toutes deux se ressemblent tellement que je ne peux pas les distinguer.

__-Je veux que tu me changes, reprend-elle de plus belle. Pourquoi j’ai mal fini, moi ? Pourquoi j’ai fini déprimée et assassinée ? Pourquoi les autres n’ont pas subi ça, dans l’histoire ?
__-Parce que c’est comme ça.
__-Tu dis ça parce que tu me détestes ! Parce que je ressemble à ta mère et que tu la détestes elle aussi!
Elle se lève d’un bond et lève la main, prête à me menacer à nouveau. Je la regarde et ne bouge pas, même si j’ai un peu peur de ce qu’il m’arrive. Je me reprends rapidement, lui lance un regard méchant puis avec un sourire diabolique je lui déclare :
__-Je pourrais te détruire, tu sais ? Il me suffit juste de reprendre mon roman et de t’effacer complètement de l’histoire.
__-T’y arriveras pas, rétorque-elle en criant presque. Quoi que tu en penses, je suis toi et c’est toi qui m’as créée. Et puis je ne suis qu’une illusion, juste une de tes hallucinations bizarres. Rien ne pourra m’arrêter tant que je serai dans ta tête.

Soudain ma porte s’ouvre. Léa lève les yeux avec un air paniqué. Quentin entre dans ma chambre. Je le regarde d’un air gêné et il me dit :
__-Tu parlais à qui ? T’as des amis imaginaires ?
Je lui désigne mon lit avant de me rendre compte qu’il n’y a personne. Mes yeux s’agrandissent de surprise.
__-Ah ! s’écrie mon frère. Tu parlais toute seule ? Cette histoire de Bac commence vraiment à te monter à la tête.
Et sans dire autre chose, il referme la porte. La petite conversation que je venais d’avoir avec Léa l’avait intrigué. Il ne peut pas la voir ; il ne la connait pas. Elle avait raison : elle n’est qu’une illusion.

__-Très bien, retentit la voix de Léa dans ma tête. Puisque tu ne veux rien faire, je vais te harceler et te détruire jusqu’à ce que tu changes d’avis.

Je secoue nerveusement la tête et tente de penser à autre chose. Alors comme ça, je serais une écrivaine qui se fait harceler par un de ses personnages ? C’est comique. Et… c’est juste impossible. Je suis folle. C’est toutes ces histoires d’examens qui me font perdre la raison.

__-Claire ! retentit la voix de Rebecca. Tu peux aller sortir les poubelles ?
Je soupire. Mais même si ça m’embête de devoir aller rendre service à ma belle-mère, je dois bouger parce que ça me permet de revenir à moi. Je deviens bête et stupide. Léa n’existe pas. Mon histoire n’existe pas.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Dim 9 Déc - 15:24

« Tout avait commencé quand… »
Je balade mes doigts sur le clavier. Je viens de commencer un nouveau roman et l’inspiration me manque déjà. Je ne sais pas quel sujet aborder, quelle époque utiliser. Ça fait bientôt une semaine que je n’ai pas écrit. D’habitude, j’enchaîne histoires sur histoires mais là, ça ne vient pas. J’efface ma phrase et la réécris plusieurs fois, en attente de la moindre idée qui pourrait me venir en tête.

C’est pas vraiment mon jour aujourd’hui. Mon ordinateur rame et je n’arrive pas à mettre la main sur ma crème solaire alors que dans à peine 20 minutes, je suis censée partir en vacances.
Finalement j’ai fini par passer au rattrapage et j’ai eu mon Bac de justesse… C’est déjà mieux que rien mais j’ai quand même honte par rapport à Quentin qui a eu son Bac avec mention. Je me contente de ce que j’ai maintenant. Et tant pis si ça ne plaît à personne.

Après plusieurs minutes de réflexion, j’éteins mon ordinateur. Je ne sais pas quoi écrire et ce n’est pas la peine que je me force. Je pense soudainement à Léa qui ne s’est pas manifestée depuis l’autre fois. Je crois que mon frère avait raison : c’était juste cette histoire d’examens qui me montait à la tête. Et c’est tant mieux comme ça !

Je fais les cent pas dans ma chambre. Ma valise trône fièrement sur mon lit ; elle est pleine à craquer. On dirait que j’ai fait mes bagages pour un mois mais j’ai tellement peur d’oublier quelque chose !!

Le départ est imminent et ça me rend euphorique. Je vais enfin pouvoir partir sans mes parents ! J’ai attendu longtemps ce genre de choses. C’est déjà une bonne marque de l’indépendance que je vais acquérir en Novembre parce que ce mois-là j’aurai enfin 18 ans. Et plus la majorité approche, plus j’ai soif d’autonomie.



Il est maintenant dix heures, il est temps pour moi de partir. J’empoigne ma lourde valise, sors de ma chambre et la descends en bas. Comme je peine dans les escaliers, mon père vient m’aider. Il a l’air triste que je m’en aille. Pour lui, j’ai toujours été la plus jeune, même si Quentin est mon jumeau. Lui et moi, on est nés à quelques minutes d’intervalle, mais tout de même !
Papa ouvre la porte et nous sortons dehors. Rebecca ne tarde pas à arriver, Quentin sur ses talons. Nous restons tous les quatre dans l’allée, devant la maison.

On a de la chance: il fait beau ; le ciel est bleu et il n’y a pas un nuage. Le Soleil brille bien, il fait hyper chaud. Enfin, comme tous les étés, quoi. Avec mes amis, on s’est donnés rendez-vous chez Justine parce qu’elle n’habite pas loin de nous tous. Là nous prendrons la voiture et nous partirons, Nathan au volant.
Je reste là à regarder le ciel puis je déclare :
__-Bon… J’vais pas tarder à y aller. Il faut que je marche jusqu’à chez Justine et si jamais j’étais en retard, ils seraient capables de partir sans moi.
__-Oui, répond mon père avec un air résolu mais tout de même peiné.

Je me tourne vers ma famille ; Rebecca s’avance vers moi avec des yeux rouges. Je devine qu’elle est émue.
__-Bon voyage, me dit-elle en me serrant chaleureusement les mains.
J’ai envie de pleurer, un peu. J’étais déjà partie loin sans ma famille, mais là c’était… comment dire ? C’était différent.

C’est au tour de mon frère de me saluer. Il s’avance vers moi, l’air négligé et les mains dans les poches. Nous nous regardons en silence, l’un en face de l’autre, puis tout d’un coup il m’ouvre grand les bras et nous nous étreignons longuement.
__-Amuse-toi bien, me dit-il. Profite bien de tout!
__-Merci… je t’appellerai quand je serai arrivée, d’accord ?

Il hoche la tête et m’enlace encore. J’ai du mal à me détacher de lui. Je ne me suis jamais séparée de mon frère depuis ma naissance. On est toujours partis ensemble, lui et moi. Ça me fait bizarre de savoir que moi je pars et que lui il reste ici. Juste au moment où il se recule pour laisser mon père me saluer, je m’élance vers lui et d’une main lui ébouriffe les cheveux. Il n’aime pas ça, je le sais bien. Mais puisque je ne le verrai pas pendant une semaine, autant l’embêter un peu maintenant, non ?

Finalement, je me tourne vers mon géniteur. Il s’avance vers moi et, avec émotion, me claque une bise bien sonore sur chaque joue.
__-Passe de bonnes vacances, me dit-il. Et surtout prend bien soin de toi !
Je lui souris et acquiesce, puis je baisse les yeux afin qu’il ne voie pas que je verse des larmes.
__-Fais bien gaffe aux garçons, ajoute-il avec sérieux. Ne fais pas de bêtises, hein !
Je lève les yeux au ciel et prends un air exaspéré avant de répondre :
__-Oh Papa, tu exagères ! J’ai bientôt 18 ans, je te signale !
Sur le coup, j’avais envie de lui répondre : « Mais si, Papa, tu me connais ! Y’aura deux gars et je vais me les taper tous les deux ! », juste pour voir sa réaction, mais je me suis tue comme d’habitude.
__-Ne traîne pas ! me rappelle soudain Rebecca. Tu vas être en retard !
Papa me tend ma valise et je la traîne derrière-moi. J’ouvre le portail, fais un dernier signe de main à Quentin et le referme. Puis je marche dans la rue, lentement. Il y a des bouchons sur la route et les trottoirs sont bondés de monde, même si c’est le weekend. Mais je vais laisser Paris pendant une semaine. Je vais tout laisser.

J’accélère le pas, me rendant compte que j’étais encore et toujours en retard et, le bruit des roues de ma valise sur le macadam me vrillant les tympans, je disparais dans la foule.

Il ne me faut pas beaucoup de temps pour arriver chez Justine. Dix minutes de marche suffisent (et c’est déjà bien assez pour une flemmarde comme moi). Lorsque j’arrive, je retrouve tous mes amis dehors en train de caqueter sur le trottoir. Agathe court partout comme une folle, portant quelques sacs par-ci, quelques valises par-là. Nathan est assis au volant de la voiture que son père nous a gentiment prêtée ; je ne sais pas ce qu’il attend pour venir aider Justine et Maxime qui essaient désespérément de faire rentrer ma valise dans notre coffre déjà bien chargé.
__-Bon maintenant on y va ! s’écrie Agathe en s’asseyant sur le siège du passager avant.
Dans un dernier au revoir, nous nous asseyons tous dans la voiture et nous démarrons.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Dim 16 Déc - 11:20

Perdue dans mes pensées, je regarde sans vraiment la voir la route défiler sous mes yeux. Ça fait pas mal de temps que nous roulons et j’en ai déjà marre de rester assise là, mon sac sur les genoux. Je suis sur la banquette arrière, au milieu, serrée entre Justine qui dort paisiblement contre la fenêtre et Maxime qui, la tête mollement posée sur mon épaule, écoute la musique à fond avec son casque.

De temps en temps, j’observe ce qu’il se passe devant. Nathan tient nerveusement le volant sous la surveillance d’Agathe qui suit la route sur un plan. Elle est hyper forte pour ça, en fait. Cette fille est un vrai GPS vivant.
__-Maintenant tu tournes là, dit-elle en faisant un geste. On va s’arrêter quelques minutes.
__-Encore ?! soupire Nathan. On devrait plutôt rouler pendant que Justine dort ! Ça nous éviterait de devoir nous arrêter toutes les heures à cause de ses besoins pressants !
J’éclate de rire. Il a raison. On est tout le temps obligés de nous arrêter à cause d’elle ; c’est vrai que c’est agaçant au bout d’un moment.
__-Faut que j’aille aux toilettes, dit soudain la petite voix ensommeillée de Justine que mon rire avait réveillée.
__-Eh merdeuh ! murmurent Nathan et Agathe.

Nous nous arrêtons sur une nouvelle aire d’autoroute. Le parking est plein et nous peinons pour trouver une place. Finalement, nous nous garons entre deux énormes camping-car.
__-J’me grouille !! crie Justine en sortant précipitamment de la voiture et en courant vers la station-service.
Je la regarde partir puis je sors à mon tour, bientôt suivie par mes amis. Il est midi et tout le monde a faim. Par contre, Agathe tient à ce que tout le monde aille s’acheter à manger parce que selon elle, si on ouvre le coffre pour prendre la nourriture que nous avons emmenée pour la semaine, tout nous tombera dessus.
__-Bon, ben… Let’s go, dit-elle en se dirigeant à son tour vers la station.
Nathan la suit, les mains dans les poches. Je commence à marcher aussi mais je me retourne en remarquant que Maxime ne vient pas. Il est encore assis dans la voiture, la tête baissée. En revanche, il a enlevé son casque. Je devine qu’il se sent mal. Il m’a dit tout à l’heure qu’il avait la nausée ; sans doute à cause de la route. Je lui demande timidement :
__-Est-ce que tu viens ?
__-Nan, me répond-il.
Il n’a vraiment pas l’air bien. Je n’ose rien dire, de peur de le froisser. Je sais très bien comment il réagit dans ses cas-là avec ses sautes d’humeur.

__-Je… je vais rester dehors, reprend-il. Il y a une table là-bas, je vais aller la réserver pour nous tous.
J’acquiesce. Il lève les yeux vers moi ; son regard est inexpressif. Je n’arrive pas à cerner ce qu’il ressent et ça m’énerve. Néanmoins, je lui annonce :
__-J’te paie un sandwich ; il faut que tu manges… Tu veux quoi ?
__-Jambon-beurre s’il-te-plaît.
Maxime se lève péniblement et fait quelques pas pour se dégourdir les jambes. Quant à moi, je fais volte-face et vais rejoindre les autres.

A l’intérieur de la station-service, je retrouve Justine qui hésite devant le rayon des produits frais. Je la rejoins, choisis deux sandwiches et vais à la caisse où Agathe et Nathan patientent déjà.
__-Je déteste ce genre de nourriture, déclare Justine en venant à son tour dans la file d’attente. C’est tellement dégueulasse !
__-A qui le dis-tu, répond Nathan en soupirant.

Après quelques minutes d’attente, nous payons et sortons enfin dehors. Nous repérons une table sur l’aire de pique-nique adjacente et nous nous y installons. Maxime, qui finalement n’avait pas bougé d’un pouce, nous y rejoint peu après.

Nous mangeons nos sandwiches avec un dégoût peu dissimulé pour la plupart d’entre nous. Seule Agathe ne mange pas ; elle observe (encore) le plan à la recherche de la route à suivre :
__-Et après on passe par-là… Puis ensuite il faut sortir de l’autoroute par-là sinon c’est mort.
Je tente de suivre la route avec elle mais je n’y comprends rien. Toutes ces voies rouges et jaunes… ça me dépasse complètement.
__-Euh… Je sais pas par où on doit passer maintenant, s’écrie-t-elle.
__-Passe-moi le plan, ordonne Nathan en lui arrachant la carte des mains.
Tout en mangeant son sandwich, il promène ses yeux sur le plan. Je le vois s’affoler.
__-AH !! Ça me gonfle, j’y capte que dalle ! s’exclame-t-il soudain en lâchant la carte. Je t’avais dit qu’on aurait dû prendre un GPS !
__-Comment ça ?! Tu m’as rien dit du tout ! s’énerve Agathe.

Je lance un regard agacé à Maxime et à Justine ; ceux-ci me répondent par un haussement de sourcils. Agathe et Nathan sont souvent ensemble et quand ils se disputent, on dirait un vieux couple. Mais je dois avouer qu’ils nous font bien rire.
__-Mais arrêtez ! s’exclame Justine. Vous êtes chiants avec votre route à la con ! Allez, on y va maintenant.
D’un pas déterminé, elle jette l’emballage de son sandwich à la poubelle, empoigne sa bouteille d’eau et s’éloigne. Habituellement, elle est plutôt discrète et rêveuse, mais quand elle a un truc en tête ou une petite contrariété, elle devient redoutable et limite insupportable.

Nous nous levons tous et nous reprenons la route.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Lun 1 Avr - 22:18

__-Ça y est, on arrive !!!!!
Affalée sur mon siège, la tête renversée en arrière, je m’éveille doucement et scrute l’extérieur avec mes yeux encore bouffis de sommeil.
__-On est où ? demande Maxime qui, comme moi, s’était endormi.
__-Ben on est arrivés, bien sûr ! réplique Justine.
Maxime se penche vers la fenêtre. Nous roulons en pleine ville, c’est plutôt rassurant après avoir passé des heures avec des champs ou des forêts comme principal paysage.
__-Où est notre appart’ ? demande Nathan en s’arrêtant à un feu rouge.
__-A l’autre bout de la ville, répond Agathe. Il est tout près de la mer. Tu continues tout droit.
Notre conducteur s’exécute et, avec les indications d’Agathe, nous arrivons en peu de temps sur le parking d’une petite résidence située en bord de mer.

__-Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demande Maxime pendant que nous nous garons.
__-On va à la plage, ordonne Justine. J’veux voir si le voyage en a valu la peine.
Nathan acquiesce, Agathe fait de même. Je me range à l’avis général. En plus, nous ne sommes pas loin ; il nous suffit de traverser la route et nous y sommes !

Du coup, nous nous hâtons tous les cinq vers la plage. Pendant que l’on marche péniblement dans la rue (eh oui, quand on n’a pas bougé pendant plusieurs heures, ça ne pardonne pas), le bruit des vagues nous chatouille déjà les oreilles. Ah… la mer. J’en ai rêvé pendant des années et maintenant je suis ici.
Nous commençons enfin à marcher sur le sable ; Agathe est tellement épuisée qu’elle s’écroule à même la plage, bientôt suivie par Nathan. Justine a l’air complètement à l’ouest, comme d’habitude, et elle marche loin de nous tous avec la musique sur les oreilles. Moi je m’avance de plus en plus vers l’eau, jusqu’à ce que mes Converses soient trempées par l’écume. Je regarde l’horizon devant moi. La mer s’étend à perte de vue… c’est magnifique. Parfois j’aimerais bien nager pour voir ce qu’il y a plus loin.
__-C’est beau hein ? murmure Maxime en s’approchant.
Je hoche la tête et lui fais remarquer :
__-Oui, ça l’est. Et je parie que tu n’arriveras pas à nager jusqu’à la dernière bouée là-bas.
Je tends le bras et lui désigne une bouée qui flotte sur l’eau, bercée par les vagues. Elle est si loin qu’elle ne forme plus qu’un léger point orange sur l’horizon.
Maxime me regarde avec surprise puis s’indigne :
__-Mais si ! Bien sûr que si !!!
Il a l’air vraiment frustré. On dirait que ma réflexion l’a rendu hystérique et qu’il est sur le point de s’arracher les cheveux. Sur le coup, j’éclate de rire car je suis peu habituée à le voir dans cet état-là. Lui rit aussi mais tente de le cacher.

Soudain il se tourne vers-moi, me prend dans ses bras et je le sens me soulever sur son épaule.
__-Mais qu’est-ce que tu fais ? Lâche-moi !!!
Je lui tape gentiment dessus mais il n’en démord pas. Les autres éclatent de rire, évidemment. Maxime s’avance vers la mer jusqu’à ce que l’eau lui arrive à la hauteur des chevilles et me pousse dedans. Surprise, je me laisse tomber comme une masse et m’étale lourdement sur le sable mouillé. Nathan et Agathe éclatent de rire devant mon air encore éberlué par ma chute.
Satisfait, Maxime prend un air narquois et me lance :
__-On va voir maintenant, qui est incapable de nager !
Puis il fait volte-face et retourne vers les autres. Je me lève précipitamment et me jette sur lui en m’écriant :
__-Tu vas me le payer !!
Il ne m’a pas vue arriver. Je lui empoigne les épaules et nous tombons tous deux à la renverse dans l’eau. Cette fois, je suis complètement trempée. Maxime tente de se détacher de moi mais je l’en empêche et nous finissons l’un sur l’autre dans l’écume des vagues.
__-Hé les deux amoureux ! nous crie Justine. On rentre ?
Nous levons la tête vers elle et, sans savoir pourquoi, je me sens légèrement rougir. Maxime se relève, me tend sa main. Je fais de même et, ensemble, nous rejoignons les autres. Agathe se redresse, Nathan à ses côtés et après quelques secondes, nous retournons tous à l’appartement.


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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Mer 3 Avr - 20:38

L’appartement que nous occupons est bien plus petit que je le pensais. Il appartient à la famille d’Agathe et ils nous l’ont gentiment loué pour la semaine.

Après avoir déposé nos valises au milieu du salon, nous en profitons tous pour faire le tour des lieux. Agathe part aérer l’appartement et je lui donne un coup de main. Les volets bloquent un peu ; on voit qu’ils n’ont pas été ouverts depuis longtemps. Mais une fois toutes les fenêtres ouvertes en grand, nous découvrons un appartement lumineux et agréable.
__-Merde, s’exclame Nathan qui avait été voir les chambres, il n’y a que deux chambres ! Comment on va faire ?

Agathe et Justine commencent à parler toutes les deux en même temps, se disputent, haussent la voix. Ça fait un brouhaha insupportable et les gars s’y mettent aussi. Chacun essaie de décider qui dormira seul.
Finalement, c’est à moi que revient cet honneur et j’en suis assez contente parce que je ne me voyais pas dormir avec qui que ce soit.
__-On te dépliera le canapé dans le salon, m’explique Nathan pendant que nous rangeons tous nos affaires.

La journée se passe sans grand problème ; nous faisons un peu de ménage, remplissons les placards, le frigo. Nous faisons aussi les lits et nous organisons tous pour nous mettre à l’aise. Le soir arrive sans qu’on s’en aperçoive. Justine et Maxime font la cuisine tandis qu’Agathe, Nathan et moi sommes consignés à la vaisselle.
Je n'aime pas trop faire ça. D’habitude à la maison, c’est Rebecca qui s’en occupe et je l'aide, à contrecœur souvent. En tous cas, mes amis s’y mettent sans broncher.
__-Tu mets trop de produit vaisselle ! dit toujours Agathe en regardant Nathan qui lave les plats.
__-T’as un problème ? lui répond-il. T’as qu’à le faire si tu n’es pas contente !
Et il lui jette de l’eau dessus. Agathe semble d’abord frustrée, puis elle se reprend et se venge en faisant de même. Bien évidemment, je n’y échappe pas. Justine et Maxime nous rejoignent et tout finit en bataille d’eau dans la cuisine. Recroquevillée dans un coin, les vêtements trempés, je me tords de rire à un tel point que j’en ai mal au ventre.

Après avoir fini la vaisselle et avoir nettoyé la cuisine, nous allons tous nous coucher. Il fait chaud et j’ai du mal à m’endormir. Et puis personne n’a envie d’aller au lit. Finalement, mes amis viennent me rejoindre les uns après les autres dans le salon, s’allongent près de moi et après avoir brièvement discuté, nous nous endormons.


Dernière édition par Elisheba le Lun 6 Mai - 19:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Lun 6 Mai - 19:44

Lorsque je me réveille, le lendemain, tout le monde dort encore. Pour une fois, j’ai bien dormi. Pas de rêve bizarre, pas de frère jumeau qui me réveille avec sa guitare, pas de belle-mère qui appelle pour prendre le petit déjeuner.

Mes amis dorment les uns à côté des autres, recroquevillés comme des petites marmottes. Seul Nathan s’est déplacé pendant la nuit ; il dort sur un fauteuil attenant.
Sans faire de bruit, je marche jusqu’à la cuisine et prépare le petit déjeuner. Justine ne tarde pas à venir elle aussi en baillant et en se frottant les yeux. Elle me salue, s’assied à table et commence à manger. Quelques minutes après, les autres se lèvent et, tous assis ensemble, nous commençons à discuter. Agathe boit des quantités impressionnantes de café ; je n’ai encore jamais vu ça. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de rire en voyant la tête qu’elle a le matin, avec ses cheveux emmêlés.

Tout en mordant dans ma tartine, je jette un œil vers l’horloge murale et réalise qu’il est presque midi. Je demande :
__-Est-ce qu’on s’est couché aussi tard que ça ??
Pour toute réponse, Maxime hoche la tête et retourne se chercher des céréales.
__-Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? demande-t-il après cela.
__-Eh bien… On a qu’à retourner à la plage, propose Nathan.
__-Encore ? crie Justine. Mais on y a été hier !
Ma pauvre amie se ravise en voyant tous les regards braqués sur elle. Je me lève, débarrasse la table avec les autres et file à la douche avant que tout le monde ne s’en rende compte et ne se dispute pour occuper la place le premier.

En sortant de la salle de bain, je me rends compte que j’ai très bien fait d’agir ainsi parce que les autres se querellent justement à cause de ça. Et moi je ris. On dirait des gamins de maternelle qui se battent pour un jouet.
Mon intrusion dans le conflit ne semble pas les déranger. Ils continuent, ne font même pas attention à moi. Soudain je m’écrie :
__-Bon, on y va ?
Ils me regardent tous, remarquent enfin que je suis habillée, puis ils s’affairent chacun de leur côté.

Deux heures après, nous sortons pour retourner à la plage.
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MessageSujet: Re: [Elisheba]-Roman   [Elisheba]-Roman Icon_minitime1Jeu 9 Mai - 16:30

Lorsque nous arrivons, nous ne reconnaissons même pas la plage. Malgré l’heure très avancée, elle est noire de monde. On ne trouve même pas un petit mètre carré pour nous installer. Alors nous cheminons sur le sable, parmi les gens allongés sur leurs serviettes. Certains sont exagérément bronzés.
__-On dirait qu’ils sortent d’un grille-pain, fait remarquer Justine qui marche près de moi.
Je hoche la tête avec un petit sourire moqueur. Je croyais être pudique, mais Justine, elle, est emmitouflée dans sa serviette, ne laissant pas dépasser le moindre centimètre de sa peau.
__-Là-bas !! s’écrie soudain Maxime.

Je le regarde ; il désigne un emplacement libre. Par chance, il n’y a pas trop de monde. Nous nous mettons tous à courir puis, une fois sur place, déposons nos serviettes les unes à côté des autres. Je m’assieds, mets un peu de crème solaire, saisis mes lunettes de soleil et me détends quelques minutes. Les gars sortent un jeu de raquettes et commencent à jouer. Allongée près de moi, Agathe tente désespérément de bronzer, mais elle est sans cesse dérangée par Nathan qui lui envoie la balle dessus en ricanant.
__-Arrêtez! râle-t-elle sans cesse. Vous êtes chiants les mecs! Allez jouer ailleurs, sérieux!

Un quart d’heure après, lassés d’avoir joué, Maxime et Nathan se dirigent vers la mer. Je les regarde ; ils plongent directement dans l’eau. Et moi j’ai aussi envie d’y aller. Doucement, je dépose mes lunettes de soleil sur ma serviette et murmure à Justine :
__-Je pars me baigner… Tu surveilles les affaires ?
Elle ne me répond pas. Elle reste allongée ; je me demande si elle ne s’est pas un peu endormie. Je hausse les épaules et n’ose pas insister. Puis je fais volte-face et marche lentement vers le large.

Arrivée près de l'eau, je marque un temps d’arrêt. J’ai du mal à entrer dans la mer parce que c’est toujours froid. Les gars commencent à nager. Nathan se retourne, me remarque et s’exclame :
__-Allez Claire ! Viens !
Puis il se remet à nager.

Je pose un pied dans l’eau, puis les deux. J’avance lentement et finis par me retrouver toute entière dans l’eau ; à mon grand étonnement, elle n’est pas aussi froide que je ne le pensais.

__-Attendez, on arrive ! dit une voix familière.
Agathe et Justine paraissent à leur tour. Main dans la main, elles essaient désespérément de me rejoindre mais elles se ravisent aussitôt.
__-Attends ! crie Justine. L’eau est trop froide !
Je pousse un soupir exaspéré. Elles se dégonflent pour si peu ! Ça commence sérieusement à m’énerver. Du coup, je leur lance :
__-Bon, les peureuses, vous venez ou quoi ?
Mes deux amies me lancent un regard méprisant. J’éclate de rire et regarde derrière-moi dans l’espoir que les mecs me donneraient un coup de main pour jeter ces deux froussardes à l’eau mais c’est peine perdue : ils ont déjà nagé très loin.

Voyant qu’elles seront encore longues à venir, je me mets à nager à mon tour et leur lance par-dessus mon épaule :
__-Débrouillez-vous, alors !
J’entends leurs protestations mais je m’en contrefiche. Je continue d’avancer, ne quitte pas des yeux Maxime et Nathan qui ne sont qu’un petit point à l’horizon. Ils atteignent la dernière bouée, la même pour laquelle nous nous chamaillions hier.

Ils font demi-tour ; nous nous croisons rapidement. Moi aussi j’ai envie de nager aussi loin qu’eux. Et j’y arrive sans problème ; il ne me suffit que de quelques minutes. Je contourne la bouée et projette de retourner vers la plage qui est si loin.

Avec un peu de courage, je parviens à la moitié du trajet. Mais, une fois arrivée à la troisième bouée, un profond malaise s’empare de moi. J’ai l’impression qu’on m’observe.
__-Bonjour Claire.

Un frisson d’angoisse me monte à travers la colonne vertébrale. Je regarde autour de moi. Oh non. Pas elle !
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