C'est pas encore corrigé mais voilà la sticho depuis le début (vous pouvez m'applaudir) :
?
Nouvelle-Stichomythie (du 05/03/12 au …/03/12)
Ont participé à cette nouvelle : Tildu, Anaël, Elisheba, Lyiana, OhEmma, Elshalan
Une ombre se profila derrière moi. L'ombre d'un homme. Une ombre familière, qui fit que mon cœur sursaute dans ma poitrine. Je me retournai furtivement pour lui faire face, enfin. A contre-jour, je devinai sa silhouette et sa posture si caractéristique. J'aurais voulu lu crier à la figure, lui demander pourquoi il était parti, mais je ne pouvais pas. Non, ce n'était pas possible parce que j'étais trop heureux/se de le revoir après tous ces longs mois d'absence... Et lui semblait partager mon enthousiasme, car un sourire se dessina sur son visage dès qu'il me reconnut. Je souris moi aussi, acceptant ma défaite, car une fois de plus, je n'arriverais pas à lui en vouloir. Je pris cependant un air sévère en lui parlant :
"-Ah, c'est toi ? Mais où est-ce que tu étais passé ?"
De son sourire charmeur, et sans avoir encore dit un mot, il approcha son visage du miens, et je ne fus pas surpris de voir qu'il m'embrassait, comme il le faisait chaque fois qu'il voulait se faire pardonner...et le pire c'est que ça marchait. J'eus un sourire indulgent et le regardai avec insistance, les yeux pétillants de le revoir enfin.
« Je savais que je t'avais manqué, me dit-il d'un air enjoué, mais il faut que je te raconte ce qui m'est arrivé, et pourquoi j'ai du partir sans te laisser de nouvelles ! »
Mon cœur rata un battement : c'était toujours la même chose ! Il avait toujours aimé me raconter des aventures romanesques, comme quoi il n'avait pas pu me retrouver là-bas ou ici; je m'amusais à l'écouter comme un enfant absorbé par les contes que lui raconte son père le soir, avant d'aller se coucher, mais toujours derrière un bon café ! Mais j'avais finis par remarquer que ses histoires impliquaient toujours qu'il ne puisse pas me contacter pendant un très long laps de temps... Et chaque fois je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui ou de me demander si son départ était dû à moi. Il m'énervait, mais en même temps je ne pouvais jamais lui en vouloir ! Parce que oui, il arrivait toujours à me faire gober ses histoires abracadabrantes, et moi, je buvais ses paroles. Je les buvais et m'émerveillais de ses aventures, l'imaginant braver mille dangers et sauver héroïquement le monde alors que je restais dans ma vie de tous les jours. Et quand je le revoyais, quand il réapparaissait dans ma vie, j'aimais plus que tout me laisser emporter par sa voix grave, qui voyageait en Italie, en Grèce...
"-Tu ne vas pas y croire, mais il faut vraiment que je te raconte !", continua-t-il tout excité.
Il me pris la main pour me tirer vers le café "Au bon matin", juste derrière le parc :
" - Tu sais, Jane Arbritch, la riche industrielle qui avait volé plus de vingt millions de couronnes suédoises l'année dernière ? »
Je le regardai avec intérêt pour lui manifester ma curiosité et lui pressai de donner la suite :
"-Oui ?
- Je l'ai croisé à Paris, pour mon voyage d'affaires, alors que tout le monde la cherche depuis 6 mois !"
Mes yeux s'écarquillèrent et devinrent gros comme des soucoupes:
"-Mon Dieu ! "
Il continua, apparemment ravi de son effet :
"- Elle semblait assez décontractée, comme si elle ne craignait rien. "
J'avalai ses paroles avec attention, lui réclamant la suite du regard. Il rit de mon impatience, tout en nous commandant deux jus d'ananas au serveur qui venait d'arriver. Je lui pris la main, la pressai et lui intimai de continuer son récit.
"-Mais, pourtant, elle était bien en vue, reconnaissable entre toutes !, continua-t-il sur le même ton. Mais j'ai vu qu'elle était suivie par deux types ; en civil, mais ils avaient la démarche de policiers entrainés. Personnellement, je trouvais ça louche parce qu'ils auraient dû l'interpeller depuis longtemps... et puis il y avait ce sourire suffisant sur son visage ! J'avais l'impression qu'elle cachait quelque chose, qu'elle avait une raison de ne pas vouloir se cacher, comme si elle ne craignait pas le moins du monde d'aller en prison, et qu'elle n'était pas en cavale."
J'écoutai, avide de boire ses paroles, mais ne pus m'empêcher de poser une question :
"- Pourquoi à ton avis ? Ca m'intrigue tout ça... continue !"
Il eut un sourire amusé et me fit le regard énigmatique dont il avait le secret :
« -Atteeeends ! »
Je me renfrognai : il fallait vraiment que je remédie à mon impatience ! Comme s'il lisait dans mes pensées, il passa sa main sur ma joue, de façon à me relever le menton (j'avais baissé la tête en voyant son sourire amusé), et murmura :
"- Tu m'as manqué, cœur de miel. Tu vois, ça se voyait à des kilomètres que ces deux mecs en civil n'étaient pas normaux, reprit-il, ils regardaient tout le temps dans tous les sens, comme s'ils s'attendaient à ce que quelqu'un les attaque !
- Tu crois... qu'elle servait d’appas ?", lançai-je hésitant.
Il secoua joyeusement la tête :
"- Je n'y avais même pas pensé ! Mais c'est possible vu les circonstances !"
Je souris, content d'avoir pu émettre une hypothèse plausible. Il reprit, prenant la posture du narrateur :
"- En tous cas, c'était évident que les flics avaient plus peur que la fille qu'ils poursuivaient ! C'était étrange... comme si c'était elle qui les effrayait."
Je hochai la tête avec attention tandis que le serveur apportait les jus d'ananas. Je demandai une paille, préférant siroter que boire réellement pour être apte à répondre plus vite à Loïs s'il continuait son histoire. Le serveur acquiesça et repartit en silence. Loïs me dévisagea et prit un air contrit :
"Tu es incorrigible ! Plaisanta-t-il. Bref, où en étais-je ? fit-il comme s'il ne s'en souvenait vraiment plus.
- Tu disais que les deux policiers semblaient avoir peur d'elle, m'impatientai-je gentiment.
- Ah, oui, c'est vrai ! » dit-il en se grattant la tête d'un air complice.
Le serveur revint avec la paille que je plongeai rapidement dans mon verre, assoiffé.
"- En fait, ce n'était pas du tout la femme qui les terrifiait autant, mais pas du tout ! reprit-il.
- Mais... Tu as dit le contraire juste avant... Alors, c'était quoi ? le pressai-je.
- Je n'ai pas dit le contraire, dit-il, amusé, j'ai dit que ça semblait être le cas !
- Oui oui... Explique-moi ce que c'était alors... Tu sais bien que je n'ai aucune patience ! » m'insurgeai-je.
Il rit délicatement en passant rapidement à la suite :
"- En fait, ils avaient peur de quelqu'un d'autre, qui était également dans la pièce ; mais ça, je ne le savais pas encore... Je ne vis cette personne que lorsqu'il fut trop tard... Tu vois, comme j'étais concentré sur cette femme et les flics derrière elle, je ne regardais plus vraiment autour de moi. Donc du coup je ne l'ai pas du tout vu venir... et eux non plus, d'ailleurs ! »
Il ménageait son effet, et il réussissait particulièrement bien : j'étais scotché à ses lèvres. Je ne pouvais plus tenir, oubliant mon jus d'ananas et attendant la suite de l'histoire.
"- C'est pourquoi je ne l'aperçus que lorsqu'ils empoignèrent Jane et qu'ils l'attirèrent jusqu'à former une ronde autour d'elle, conclut-il.
- Ils l'ont attrapée comme ça ?
- Oui, juste sous le nez des policiers ! »
Incroyable !
« - Mais les policiers sont intervenus, bien sûr ! Même si cela n'a pas été facile, ils ont neutralisé le petit groupe qui s'était formé autour d'elle. Puis tout d'un coup tout le monde s'est mis à paniquer !! Je n'avais pas compris pourquoi, jusqu'au moment où je le vis... Elle tenait une énorme bombonne, verte et blanche, dans la main. »
Je retins mon souffle.
"-Et soudain l'odeur est parvenue à moi, ça empestait comme pas possible ! Je me suis dit que c'était assez ridicule pour une dame comme elle d'utiliser une boule puante, jusqu'à ce que je comprenne. Si tu savais ! Ca s'attaque aux poumons, un truc de tarés !! C'était un gaz toxique, je pense: puisque nous nous sommes rapidement mis à tousser ; au bout de cinq minutes, l'un des policiers crachait du sang. T'imagines la panique : tout le monde s'est mis à courir dans tous les sens pour pouvoir sortir au plus vite ! Moi, j'avais mis un mouchoir devant ma bouche, donc j'étais un tout petit peu moins affolé que les autres : c'est comme ça que j'ai vu la vieille s'éclipser discrètement. Mais, évidemment, je l'ai suivie ! Elle prit une petite porte, pas vraiment caché, mais invisible, alors que tout le monde se bousculait et criait à qui mieux mieux ! Bon, mais comme je n'avais pas trop envie de me retrouver seul face à sa bombe dévastatrice, j'ai fait signe aux policiers, et ils m'ont suivi !! Du moins, ils ont essayé, mais la plupart étaient trop mal ; je me suis donc retrouvé avec deux jeunots à suivre cette folle. Bref, on a commencé à lui courir après et là c'est devenu vraiment chaud, j'te raconte pas ! Je la pensais vieille, mais elle tricotait bien des jambons ! ajouta-t-il en me lançant un clin d'œil. Enfin, peu importe...", s'empressa-t-il de rajouter devant mon regard étonné.