Stichomythie nº9, Tempête ! [TITRE PROVISOIRE]

Tapie derrière un rocher, ses yeux éclairaient les ossements sur le chemin.

Je ne pouvais croire ce que je voyais devant moi : était-ce réel ?

Mais tout de suite, je pensai à quelque chose de plus grave : quoi qu'elle soit, allait-elle m'attaquer ?

La créature ressemblait à un chat, mais en bien plus grand; sa fourrure était vert sombre, ses yeux violets étaient fendus tels ceux des serpents, et son sourire orné de dents pointues semblait tout sauf accueillant

Je n'avais jamais vu ça de toute ma vie.

Ses griffes sur mon cou me rappelèrent bien vite à la réalité.

EDIT : On n'a rien vu !

Des cris de terreur pure.

Je devins alors blême, tandis que des paroles prononcées il y a longtemps remontaient à ma mémoire.

Au fond de mes souvenirs, mon vieux mestre me murmurait que les Rôdeurs ne laissaient jamais de survivants et j'eus la certitude que, si notre mage n'agissait pas dans l'instant, nous ne verrions jamais plus le soleil au-dessus des montagnes

Ce dernier lança d'ailleurs un sortilège puissant qui nous servirait de bouclier mais saurait-il vraiment nous protéger ?

Les Rôdeurs s'acharnaient dessus à coup de griffes, ne comprenant pas comment de l'air pouvait s'être ainsi solidifié, tandis qu'à l'intérieur les monstres déjà rentrés résistaient à nos coups, mordant et griffant, pris d'une folie meurtrière.

Leanas, un puissant marin, sortit son immense glaive, et commença à trancher dans la masse à travers le mur invisible.

Et sous les coups du glaive immense, les Rodeurs s'enfuyaient ou mourraient.

Nous soupirâmes de soulagement, personne n'avait été gravement blessé dans la bataille.

Mais cette première attaque, alors qu'une demi-journée de marche nous séparait du volcan, nous montrait clairement que les Dieux n'étaient pas dupes, et qu'ils ne nous laisseraient pas plus tranquilles sur la terre ferme que sur l'océan.

Nous étions loin d'être dans une tranquillité sereine, pourchassant notre temps au rythme de la liberté.

La vérité, c'est surtout que personne ne s'était préparé à vivre pareil enfer.

A cette époque là, le vent m'emportait déjà dans une autre direction.

Mais il n'est plus temps pour le regret ou la peur : nous devons déjà repartir, aux aguets, avant que d'autres monstres de ce genre n'arrivent...

Je ne savais pas jusqu'où cela nous mènerait mais j'étais prêt à renoncer à tout et à y sacrifier ma propre existence.

Le soleil commençait déjà à redescendre vers l'horizon : cela devait faire plusieurs heures que nous marchions... et il n'y avait plus un bruit depuis l'attaque ; ce calme, loin d'être rassurant, nous oppressait et nous avions tous les nerfs à vif, mais nous n'avions pas le choix.

La cadence commençait déjà à ralentir et il fallait se rendre à l'évidence : nous avions tous besoin de repos avant de continuer notre périple à travers cette dangereuse forêt.

Alors que des grognements commençaient à courir, signe que tous n'en pouvaient plus, le mage prit la parole avec fermeté pour rappeler qu'il ne tarderait pas à faire nuit et que nous ne pouvions pas prendre le risque d'être encore dans la forêt quand le soleil disparaîtra.

Alors, tous, nous fîmes un dernier effort.