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| | Le texte. [Titre provisoire.] | |
| | Auteur | Message |
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Anaël Commandant de Bord
Messages : 1828 Birthday : 21/01/1995 Âge : 29 Où suis-je ? : En Italie.
| Sujet: Le texte. [Titre provisoire.] Mer 9 Aoû - 11:46 | |
| Prologue _____Il était une fois, dans le lointain royaume de l’Agliété, la princesse Iris. Depuis sa plus tendre enfance, Iris était très aventureuse : en quelques instants, elle pouvait escalader le plus haut des cyprès, descendre en toboggan la plus grande des cascades, traverser la forêt de liane1 en liane et terrasser le chef de la garde au combat à l’épée ! Étant toujours très occupée à courir à droite et à gauche, elle ne pouvait pas se concentrer sur les cours de sa préceptrice Mlle de la Haute Maison. Par conséquent, bien qu’elle possédât une affinité inexplicable pour les mathématiques, son niveau en langues était lamentable. La princesse Iris avait un petit frère qui, à quelques points près, était son opposé. En effet, le petit Neikos, du haut de ses quatorze ans, était aussi vaillant qu’une tarte à l’abricot. Il avait pour principales occupations d’étudier et de boire les paroles de la préceptrice, retranscrivant ses dires avec une frénésie fidèle sur son parchemin personnel. Sage comme une image, il passait le reste de ses journées à lire, peindre ou aider ses bienveillants parents à veiller sur leur château italien. Ce dernier était imposant, sans pour autant être extravagant. L’architecte qui l’avait conçu, disparu depuis déjà bien longtemps, avait sans doute été considéré comme un révolutionnaire en son temps, tant pour l’originalité de l’esthétique que pour l’ingéniosité dont il avait fait preuve pour le faire tenir sur une colline aussi pointue. Le château avait été abandonné depuis, et ce fut l’arrière-arrière-grand-père du roi qui le retrouva au cœur d’une séance de chasse. Celui-ci, déjà puissant dans sa ville d’origine, ordonna sa rénovation et, quand son père quitta le trône, il fut établi que la famille royale y vivrait et que toute décision importante concernant le royaume de l’Agliété devrait être prise en son sein. _____Un jour, tandis que le printemps pointait le bout des becs des hirondelles, la brave Iris était partie à la chasse. Alors qu’elle s’appliquait à tirer sa prochaine flèche avec une grande adresse, le corbeau royal se posa sur une branche voisine et s’exclama : « Pam pala pam pala pa pa pa paaam ! » _____Sur ces mots, bien qu'un peu déçue de devoir interrompre les opérations, Iris bondit sur son cheval alezan crin-lové et galopa jusqu'à son château. Là-bas, son père l'attendait avec la fermière Claudine. Il arborait un air très sérieux et, après avoir vaguement salué sa fille et s’être mis au courant de ce qu’elle avait attrapé pour le diner, il demanda à la fermière de relater ce qui lui était arrivé le jour-même. « Alors que j'étais partie dans les bois à la recherche de champignons volants, dit Claudine, j'en aperçus quelques-uns sur un îlot isolé dans la rivière. Comme les quelques rumeurs qui circulent quant à la présence de piranhas et de crocodiles m'interdisaient de m'y baigner, je ne pouvais y aller à la nage. J'ai donc décidé de passer en sautant sur les quelques rochers éparpillés ça et là. Ce fut un succès jusqu'au troisième : je soulevai ma robe, fléchis mes genoux et, après avoir pris une grande inspiration, m'élançai mais, à un rien près, je ratai la roche ! Tombée dans la rivière, je voulus retrouver mon cher panier en osier emporté par le cours d'eau mais hélas ! Je fus engloutie par un puissant et irrésistible courant qui m'emmena par le fond ! J'essayai de lutter contre cette force mystérieuse mais plus je me débattais, plus je m'enfonçais. Résignée à vivre mes derniers instants, je repensai à toutes mes pauvres petites brebis que j'allais laisser derrière et fermai les yeux pour ce qui me semblait être la dernière fois. » _____Claudine marqua un pause, visiblement secouée par le trop-plein d'émotions que ce souvenir ravivait en elle. « Lorsque je rouvris les yeux, reprit-elle, je me demandai si je n'étais pas effectivement au paradis : une fois habituée à cette étrange et chaleureuse luminosité, je discernai des étranges petites créatures virevolter autour de moi. Elles brillaient mais n'avaient rien de lucioles, elles chantaient mais n'avaient rien de criquets et leur chant, leur chant ! Il était si parfait, si juste, si magnifique que j'avais l'impression que leur voix résonnait jusque dans mon âme. C'était une symphonie mélodieuse, rassurante, revigorante, une merveille de la création musicale. » _____Elle resta quelques instants les yeux dans le vide, la bouche mi-close, comme pour essayer de se souvenir de cet instant précis de son existence. Alors un sourire bienheureux se dessina sur son visage et elle reprit, les yeux pétillants : « En y regardant de plus près, je vis avec stupeur qu'il s'agissait de petits humanoïdes ailés : des fées, s'écria Claudine ! C'étaient des fées ! Elles commencèrent à danser autour de moi tout en continuant leur étrange mélodie et, avant que j'eus le temps de dire ouf !, je me suis retrouvée auprès de mon cher petit panier de champignons volants, sur la rive de la rivière interdite, habitée par cette sensation bizarre que l'on a au sortir d'un rêve. » _____Un long silence marqua la fin du récit de Claudine, durant lequel les protagonistes se dévisagèrent, tantôt excités, tantôt incrédules Les yeux de la fermière passaient du roi à sa fille, suppliants : « Vous devez me croire ! s'exclama-t-elle : Ces fées, elles m'ont renvoyée ici pour une raison précise... Je crois qu'elles ont besoin d'aide. Sire ! Je vous en conjure... — Oh, papa ! s'écria Iris : Il faut absolument que nous allions à la rencontre de ces fées ! » _____Suite à maintes discussions et débats animés, il fut décidé que la princesse mènerait une expédition scientifique afin d'explorer le nouveau monde en compagnie de six valeureux aventuriers. Ceux-là ne furent guère choisis au hasard : leur réputation les précédait ! Connus aux quatre coins du royaume (et, pour certains, au-delà des frontières), ils avaient chacun un talent admirable et tout à fait indispensable à ce genre d'expédition. Forts de leur courage et de leur bravoure, les intrépides explorateurs suivirent Claudine jusqu'au lieu dit et sautèrent dans l'eau à pieds joints. Aussitôt, l'esprit de la rivière les accueillit par une étreinte chaleureuse qui les guida de l'autre côté. Encore tout secoués par cette rapide transition, ils se relevèrent hébétés pour se retrouver dans une cavité rocheuse et cristalline. ↑1. En réalité, il ne s'agit pas de liane mais de racine d'épiphytes.
Dernière édition par Anaël le Dim 1 Oct - 13:47, édité 1 fois | |
| | | Zois'O Passager
Messages : 531 Birthday : 09/07/1912 Âge : 111 Où suis-je ? : Sur les eaux calmes et prospères des divinités-parchemin
| Sujet: Re: Le texte. [Titre provisoire.] Dim 1 Oct - 11:58 | |
| _____ Autour d’eau, les parois se dressaient en équilibre dans le parterre sableux. Les courbes lumineuses des vagues reflétées creusaient par sillons les rides des vieilles pierres. Incrustées au hasard de ces dernières, les cristaux translucides se comportaient comme des lanternes raccordées les unes aux autres : elles transmettaient leur charmant petit clignotement à leur voisine plus profondément enfoncée dans la caverne. Franchissant la limite de leur bulle de lumière, les six héros s’aventurèrent dans l’obscurité du sommeil. L’avancée à tâtons était peu commode et bientôt le passage se rétrécit. Sous leurs doigts, la roche s’était faite plus accidentée et des courants d’air glacés venaient se glisser entre leurs silences. Il leur semblait que le temps s’allongeait infiniment. Les compagnons décidèrent de se resserrer pour solidariser leur chaleur et Eglantine la bourrine se mit à entonner à plein poumon des chansons à boire. L’atmosphère reprit une couleur un peu plus rose (ils le remarquèrent lorsque les cristaux clignotèrent de nouveau) et ils arrivèrent aussitôt. Ce qui les surprit fut d’abord la forme circulaire de la salle, à la façon d’une immense arène. Ce fut ensuite les dimensions gigantissimes des loges, des escaliers, des plantes grimpantes, des grains de sable. Le mur périphérique semblait s’élancer vers le haut avec une terrible envie de ne jamais s’arrêter. Du plafond n’étaient perceptibles que quelques constellations lointaines noyées dans un festival de nébuleuses. D’étranges insectes luminescents voyageaient de part et d’autre de leur champ de vision, baladant une fleur colorée à la place de la partie dorsale de leur exosquelette dont la fonction principale – à part être jolie – semblait de polliniser le sol visiblement infertile. Fascinés sans oser s’approcher, ils se frayèrent un chemin parmi les milliers de boules rayonnantes, lesquelles sous le coup d’une vive émotion, éclataient - de rire. Après ce qui leur sembla une bonne marche, ils atteignirent les pieds de la tour. Façonnée dans le marbre et couverte de gravures runiques, elle les avait attirés par sa silhouette prometteuse. Quelque chose dans sa colonne vertébrale en colimaçon – visible au détour de quelques alcôves ouvertes – leur indiquait la voie à suivre. A leur grand soulagement, l’escalier intérieur était à leur taille. En montant, ils observèrent des champignons pointus, excroissances entre deux lianes grimpantes, qui faisaient frissonner leur chapeau chaque fois que des ailes trop téméraires franchissaient leur cercle d’intimité. Le sol prit rapidement de la profondeur et, sans s’en rendre compte, ils atteignirent le sommet de la tour. Se retournant une dernière fois, ils admirèrent à travers les fenêtres de la tour le vent sifflant joyeusement, les rochers roulant en cercle et la mousse ondulant calmement dans une danse hypnotique. Éberlués par ce spectacle époustouflant, ils firent face avec aplomb à la sortie de la grotte. | |
| | | Ezla Passager
Messages : 258 Birthday : 05/07/1994 Âge : 29 Où suis-je ? : Sur mon balai volant
| Sujet: Re: Le texte. [Titre provisoire.] Jeu 23 Aoû - 14:18 | |
| _____Quelques minutes d’adaptation leur furent nécessaires et ils clignèrent activement des yeux pour s’habituer plus rapidement à la forte luminosité de l’extérieur. Iris eut l’impression de reconnaître la chaleur apaisante et euphorisante qu’avait évoquée Claudine tandis qu’un murmurant brouhaha parvenait à leurs oreilles. Avançant prudemment, ils décelèrent bientôt les moindres détails de leur environnement.
_____Ils étaient arrivés sur un promontoire qui surplombait une vaste plaine. D’un profond bleu roi, elle s’étendait à perte de vue. Cette plaine était cernée d’une forêt colorée d’une part et d’une haute montagne abrupte d’autre part, dont notre groupe d’aventuriers venait d’émerger. Un escalier taillé à même la paroi de la montagne et recouvert d’un tapis d’or descendait en pente douce vers la plaine lumineuse. C’est de son bas, caché à leur vue, que provenait le joyeux murmure qui résonnait à leurs oreilles comme une mélodie indistincte mais irrésistible. La dynamique Myreuil le chevreuil peinait à tenir en place. Presque malgré eux, nos curieux aventuriers entamèrent leur descente vers cet espace caché de leur vue.
_____Ils n’eurent pas à descendre beaucoup pour voir d’où provenaient ces bruits. Ils débouchèrent rapidement sur un endroit jusque-là dérobé à cause des parois montagneuses, à l’orée de la forêt multicolore. L’endroit grouillait de petits êtres plus ou moins magiques qui chantaient, riaient, criaient, glougloutaient, pépiaient et se trémoussaient sur de la musique cristalline aux accents pop. Un bar éphémère avait été installé. Tenu par deux ondines aux pieds palmés et couronnées de fleurs, il était constitué de blocs de glace brillants, parfaitement rectilignes, qui renvoyaient la lumière du jour comme s’ils eussent été faits d’une multitude de petits miroirs. Ils projetaient leurs éclats lumineux vers les danseurs au centre de la clairière, dont un petit lutin recouvert de feuilles d’arbres de toutes les formes et de toutes les couleurs à la manière d’un costume d’arlequin. Il captiva l’attention de nos aventuriers par les cabrioles qu’il effectuait sous les applaudissements admiratifs de ses comparses.
_____La musique était l’œuvre de trois fées, d’un centaure et d’un gros nain barbu, qui tapaient, soufflaient et agitaient des instruments au son si pur qu’ils semblaient être faits de verre. Seul le nain tambourinait à qui mieux-mieux sur un tam-tam en peau lisse qui rythmait les pas de danse de toute cette assemblée.
_____Tous nos aventuriers étaient subjugués par la scène. Thréhaussaut le pinceau ne tenait plus en place et répétait sans cesse que jamais il n’avait vu autant de couleurs, et que jamais, au grand jamais, il n’aurait assez de temps pour rendre avec précision dans une peinture fidèle les mille reflets et lumières. Même le soleil semblait danser avec les habitants de ce nouveau monde. | |
| | | Modjita Passager
Messages : 218 Birthday : 17/12/1998 Âge : 25 Où suis-je ? : La tête sous l'oreiller
| Sujet: Re: Le texte. [Titre provisoire.] Sam 16 Fév - 23:31 | |
| _____Alors qu’ils s’avançaient, hypnotisés, vers l’orée fourmillante de la forêt, les sept compagnons se retrouvèrent à six : Eglantine venait de se faire entraîner dans la danse par un nain haut comme trois pommes qui virevoltait avec une surprenante agilité. La guerrière, une fois remise de sa surprise, laissa tomber sa hache (que le nain évita fort adroitement) pour répondre à l'invitation de son partenaire barbu. _____Ce ne fut pas la seule à se faire emporter par la fête : pour être honnête, les six compagnons restants ne furent bientôt plus qu’un. S’apprêtant à rappeler les bases diplomatiques à observer lors d’une rencontre entre deux peuples, la princesse Iris s’était retournée et s’était retrouvée face-à-face avec… Une autruche. Celle-ci inclina la tête, intriguée, puis plongea cette dernière dans le sac de la princesse. _____Les autres représentants du royaume s’étaient éparpillés : l’un comptait les pâquerettes, l’autre s’était approché du bar, un troisième était entouré d’enfants de tailles et oreilles divers, les deux derniers s’étaient vus proposer d’appétissants gâteaux que leur tact leur avait empêché de refuser.
_____Oliat le diplomate, entre deux bouchées de son succulent fondant à la carotte et aux amandes, tenta d’en apprendre plus sur les coutumes de ces êtres. « Excusez mon ignorance, mais quelle est la raison de ces réjouissances ? Est-ce en l’honneur d’un heureux événement ou d’une traditionnelle fête que vous enchantez ainsi cette belle place ? — C’est que nous sommes le troisième jour de la nouvelle lune ! » Celui qui venait de répondre, un grand échalas à la belle toison verte, était tout barbouillé de rouge, probablement à cause du gros fruit écarlate de la taille d’une citrouille qu’il mâchait avec entrain. « Ah ! Le troisième jour est donc un jour particulier ? — Ah non, mais c’est un jour impair. De ce côté-ci de la forêt, nous fêtons les jours impairs et travaillons les jours pairs ; de l’autre côté c’est l’inverse, c’est pourquoi nous accueillons nos voisins de l’autre côté les jours impairs et allons les visiter les autres jours ! — Alors vous allez travaillez chez eux les jours pairs ? — Évidemment que non ! Une fois chez eux nous sommes du côté où l’on festoie les jours pairs, ce serait mal venu de ne pas respecter leurs coutumes », s’insurgea un deuxième habitant, un centaure aux oreilles ornées de fleurs violettes.
_____Pendant ce temps, la princesse Iris, qui avait réussi à récupérer son sac après maintes négociations auprès du grand volatile, héla une sorte de satyre qui observait timidement les danseurs. Elle le salua lorsqu’il fut proche : « Enchantée, monsieur. Sans vouloir vous déranger, sauriez-vous m’indiquer un supérieur hiérarchique ou quelqu’un d’apte à traiter des choses diplomatiques ? — Ma foi, ça dépend. Cela concerne plutôt le chocolat ? » Surprise, la jeune princesse balbutia puis se reprit : « Pas particulièrement, cependant le chocolat peut être inclus dans des, he bien! dans des négociations, si cela... » Iris s’interrompit face à la mine sombre du satyre. « Je vois, cela concerne donc… Vous savez quoi. — C’est-à-dire que… — Inutile d’en dire plus, il ne s’agirait pas de troubler la fête avec cette histoire. Attendez-moi au pied de l’arbre à perroquet, je vais vous chercher quelqu’un d’impliqué dans cette affaire. » _____Le satyre partit en sautillant sur ses longues pattes de chèvres, laissant Iris dubitative : savait-il déjà tout de leur expédition ou croyait-il qu’elle était porteuse d’un autre message ? Un coup de bec dans l’épaule la fit sursauter ; elle chassa d’un Psssscht l’autruche et, laissant l’oiseau outré, s’éloigna en direction de l’arbre à perroquet. Celui-ci était reconnaissable : ses grandes fleurs multicolores mimaient l’animal et il était recouvert de perroquet mâles trompés par cette astuce.
_____Peu de temps après, le satyre revint, accompagné d’une femme dotée de longues oreilles et des cheveux courts dressés en crête. « Zabin m’a dit que tu avais des informations concernant les fées disparues. »
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| | | Anaël Commandant de Bord
Messages : 1828 Birthday : 21/01/1995 Âge : 29 Où suis-je ? : En Italie.
| Sujet: Re: Le texte. [Titre provisoire.] Lun 8 Juil - 17:09 | |
| _____La princesse en fut tellement surprise qu'elle en perdit momentanément ses moyens.
« Que, euh... Pardon ? Non, je suis là pour parler diplomatie ! — La diplomatie ? Qu'est-ce que la diplomatie ? Est-ce en rapport avec ce que disent les plomates ? Les plomates disent beaucoup de choses, vous savez, mais personne n'a jamais réussi à les comprendre. Personnellement, je pense juste qu'ils disent n'importe quoi, mais certains prétendent qu'ils peuvent prédire l'avenir et les potins amoureux. — Mais non, s'impatienta Iris : la diplomatie, c'est l'art d'établir des relations entre les pays. Elle est nécessaire pour la paix et l'harmonie entre les peuples. Elle clarifie, établit et normalise les échanges entre les royaumes, et cela permet aux deux partis de prospérer en toute amitié. — Ah, je vois, mais quel rapport avec le chocolat ? — Zabin, les chanteurs font justement une distribution de feuilles de chocolat, tu veux bien nous en rapporter ? »
_____Le satyre et la princesse, interrompus dans leur conversation, tournèrent la tête et aperçurent un attroupement de gobelins hystériques qui sautillaient dans tous les sens en criant « Chocolat ! Chocolat ! » L'un d'eux en perdit d'ailleurs son chapeau, qui se retrouva immédiatement métamorphosé en pain d'épice et dévoré par son voisin. S'en suivit une petite dispute qui dégénéra en bataille de grimaces puis en concours d'histoires drôles. Les deux belligérants allaient en venir aux haïkus lorsque la licorne qui s'occupait de la distribution de feuilles arriva à leur niveau. Ils se servirent généreusement et décidèrent de faire une trêve le temps de déguster ce met succulent. Cependant, ils avaient pris tellement de chocolat qu'ils en oublièrent leur différend avant d'avoir fini de le manger, devinrent amis et décidèrent de se reconvertir dans la production de chapeaux en pain d'épice. A cette occasion, le mangeur de chapeau promit à sa victime de lui confectionner un nouveau couvre-chef qui sera bien meilleur que le précédent, et son crime lui fut pardonné. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard, lorsque les deux comparses découvrirent la recette du choux à la crème en expérimentant différentes options pour la pointe du chapeau, que l'histoire de leur rencontre fut révélée au grand public. Malheureusement, le choux à la crème était trop gras et trop sucré pour un chapeau en pain d'épice, aussi lui préférèrent-ils la fleur de Bégonia. Le satyre, pour en revenir à notre histoire, se précipita en direction de la licorne et se mit à danser en jouant de la flûte traversière au milieu des gobelins joueurs.
« Je me présente : je suis Erwald, dit la femme à la crête. Je suis chargée aux frontières, et je dois surveiller cet événement. — Bonjour ! Je suis la princesse Iris, du royaume de l'Agliété. J'aimerais établir des relations diplomatiques entre nos deux royaumes. Vous dîtes que vous êtes en charge de cet événement ? — Tout à fait, notre forêt est divisée en deux par la rivière qui vient de la montagne, au loin. Les chargés aux frontières s'assurent que nul ne traverse la rivière sans apporter un petit quelque chose à manger. Nous aimons faire la fête et nous accueillons tout le monde, bien sûr, mais chacun se doit de participer à la hauteur de ses moyens. — Et que se passe-t-il si quelqu'un essaie de traverser sans rien à manger ? — Eh bien, il est également possible d'apporter des instruments pour jouer de la musique, ou de faire une démonstration de ses talents pour le chant ou la danse. Certains improvisent une pièce de théâtre et d'autre un spectacle de magie. Tout le monde a quelque chose à apporter à la fête ! — Mais, vous n'empêchez jamais personne de passer ? — Non, ce n'est jamais arrivé. — Je vois, mais pourquoi devez-vous surveiller cette fête ? Vous avez peur de quelque chose en particulier ? — Oui, parfois les musiciens mangent beaucoup trop et s'endorment et alors la fête devient beaucoup moins amusante. Si ça arrive, c'est à moi de remonter l'ambiance et de motiver les gens pour qu'ils viennent les remplacer. Mais revenons-en à toi. Tu n'as pas d'informations sur les fées, n'est-ce pas ? — Non, je suis désolée... D'ailleurs, maintenant que j'y pense, c'est Claudine qui a découvert le passage jusqu'à votre monde, et elle m'a parlé de fées. Elle a dit... Elle a dit qu'elles avaient besoin d'aide ! Vous dîtes qu'il y a eu des disparition, n'est-ce pas ? Nous pouvons peut-être demander aux trois chanteuses, là-bas ? — Ah, non. Ce sont des géants. Ils sont très grands et très sérieux, et gèrent beaucoup de problèmes très importants. Parfois, ils ont besoin de faire une pause, alors ils se déguisent en fées pour venir faire la fête avec nous et se détendre. Ils ne trompent personne mais nous les acceptons parmi nous parce que ce sont des chanteurs hors pair ! En tous cas, n'en veut pas à Zabin, il est toujours surexcité et a tendance à entendre et interpréter les choses comme il veut. Tu dis que tu viens d'un autre monde ? »
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| | | Elisheba Passager
Messages : 704 Birthday : 26/09/1996 Âge : 27 Où suis-je ? : Dans la kinésphère
| Sujet: Re: Le texte. [Titre provisoire.] Sam 13 Juil - 19:39 | |
| « Oui, répondit Iris. Je viens du royaume de l'autre côté de la rivière. — Tu as traversé la rivière? s'exclama Erwald. Ça alors! Personne n'y a jamais été. A quoi ton royaume ressemble-t-il? »
_____En disant cela, la femme à la crête tendit le bras et, lorsque la licorne passa près d'elle, elle s'empara de deux feuilles de chocolat. Elle mordit dans l'une et tendit l'autre à la princesse Iris. Celle-ci dégusta sa friandise sans hésiter puis répondit avec enthousiasme : « C'est un merveilleux royaume, plein de collines près desquelles habitent les Turlututu, ceux qui ont le nez tout pointu. Ils se chamaillent souvent la cueillette des fraises avec les Gromalun, mais ceux-ci font de très bons desserts alors ils se réconcilient toujours en partageant leurs pâtisseries. Tout près de là, il y a une toute petite colline aux oiseaux colorés qui ne se montrent que lorsqu'il fait beau et chaud. Beaucoup de gens aiment s'y promener car les oiseaux font une jolie mélodie lorsqu'ils sifflent ensemble. C'est là que mon père a adopté ses corbeaux chanteurs... Un peu plus loin, il y a un fleuve magnifique dont les branches en étoile viennent chatouiller toutes les régions. C'est là que tout le monde vient faire des concours de bateaux en été, quand le fleuve est content, il rit et ça fait un joli courant. Nous avons aussi de très grandes plaines où on peut observer toute sorte d'insectes et des Margoulains, les nomades qui racontent plein d'histoires. Mon père les a écoutées, il a dit qu'elles étaient magiques car elles faisaient dormir debout ! — Vous n'avez pas de fées, alors ? s'étonna Erwald. — Pas dans mon royaume... Qui sont-elles ? — Ce sont des personnages très importants ! s'écria Erwald en engloutissant son dernier morceau de chocolat. Chez nous il n'y a pas de marchand de sable, ce sont les fées qui veillent sur le sommeil des petits enfants et qui viennent chasser leurs cauchemars d'un peu de poudre de fée. Depuis qu'elles ont disparu, tout le monde a peur du noir. — Ont-elles disparu depuis longtemps ? — Oh, ça a commencé il y a quelques semaines déjà. Il y a d'abord eu Elina, qui a disparu pendant qu'elle cultivait ses arbres à chocolat. On a d'abord pensé qu'elle faisait une indigestion parce qu'elle mangeait toujours une ou deux feuilles, surtout depuis qu'elle avait réussi sa greffe d'arbre au chocolat-noisette, mais lorsque nous sommes allés chez elle pour lui apporter ses médicaments, elle n'était pas là ! — Mais alors qui cultive les arbres à chocolat pendant son absence ? — Personne, malheureusement. Ils vont encore survivre quelques temps mais les arbres risquent de mourir car seules les fées savent s'occuper d'eux et seule Elina sait quand il faut couper les feuilles à maturité pour qu'elles fondent sur la langue. La femme à la crête jeta un regard désolé sur l'assemblée qui s'amusait comme si de rien n'était. — Les feuilles de chocolat sont un symbole de paix pour nous tous. Qui sait ce qui arrivera lors des prochaines lunes ? »
_____Iris tourna la tête vers Thréhaussaut le pinceau et Eglantine la bourrine qui faisaient le concours de celui qui aurait la plus belle moustache de chocolat. Un peu plus loin, Elmyre joli sourire s'était accoudée au bar et observait un nain qui venait de se faire mordiller le chapeau par l'autruche voleuse. Dans quelques temps, si elle ne faisait rien, les chapeaux pains d'épice remplaceraient les feuilles de chocolat et les gobelins pleureraient de se retrouver sans rien sur la tête. « Mais ce n'est pas tout, reprit Erwald. Ensuite, Elfie n'est jamais revenue de son travail. Elle devait aller nettoyer les nuages, parce qu'ils voyagent beaucoup et que quand ils reviennent ici ils sont tout sales. S'ils repartent bien propres, ils laissent passer le soleil ou nous apportent de la pluie quand il le faut. Mais depuis qu'Elfie a disparu, les nuages sont tout gris ! ». Erwald pointa le ciel du doigt et désigna les gros nuages tristes qui se promenaient dans le ciel. Afin de se consoler, certains s'agglutinaient ensemble pour se faire un câlin, tapissant le ciel d'une épaisse couleur sombre. — Alyn, Cilia, Tanisha, Teri, Bernie et Flore sont parties à sa recherche. Elles n'ont retrouvé que son échelle posée juste en dessous d'un nuage à demi nettoyé. Même son balai avait disparu. Le lendemain, elles ont toutes disparu aussi. La semaine d'après, Lila a disparu aussi pendant qu'elle faisait chanter les cailloux. Elle voulait faire un concert de Minéral, un nouveau genre de musique qu'elle avait inventé elle-même ! Nous avons demandé aux cailloux s'ils avaient vu quelque chose mais ils n'ont rien répondu, comme s'ils avaient perdu leur voix ! Mais les jours suivants, nous avons perdu la trace de beaucoup d'autres fées... ».
_____La princesse Iris écouta Erwald énumérer un nombre incalculable de noms farfelus. « Bien sûr, précisa Erwald, j'enquête personnellement sur cette affaire. J'ai demandé au soleil s'il avait vu quelque chose mais les nuages lui avaient caché la vue. Tout le monde a peur de ce qu'il pourrait arriver d'autre. Les dernières fées se cachent et tous les autres ne savent plus quoi faire pour apaiser leurs enfants... Je pense qu'il faudrait que je prévienne les autres elfes, juste au cas-où ». Iris se pencha pour admirer les belles oreilles pointues de son interlocutrice. — Le conseil des hauts elfes saura peut-être m'aider et mettre tout le monde à l'abri de façon raisonnable. Il sait toujours su régler tous les conflits avec beaucoup de sagesse et d'équité. J'irai les voir demain. Si tu es venue pour la diplomatie, tu devrais sans doute aller les voir, toi aussi. »
_____La princesse hocha aimablement la tête.
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